Le journal hongkongais
Apple Daily a payé cher son soutien ouvertement affiché depuis le 11 octobre dernier au mouvement Occupy Central. Des opposants, issus d’un contre-mouvement formé en réaction à Occupy Central, ont encerclé pendant plusieurs jours le siège du média. Durant trois jours, les activités du journal ont été perturbées, en empêchant notamment l’entrée des camions de livraison. Ces blocages ont réduit l’approvisionnement des distributeurs du quotidien ainsi que de l’
International New York Times, distribué par les même camions.
Alors qu’ils entamaient leur troisième jour de protestation, les manifestants, majoritairement des femmes au visage masqué, ont bravé un ordre de la Haute cour, émis dans la matinée du 14 octobre, exigeant leur retrait des alentours des bureaux d’
Apple Daily. Malgré l’injonction de la cour, la police n’a pas procédé à des arrestations, permettant de fait le maintien du blocage des camions de livraison du journal.
Le 15 octobre, c’est le site de la
BBC qui a été bloqué pendant plusieurs heures pour avoir diffusé une vidéo dans laquelle un manifestant pro-démocratie, Ken Tsang Kin-Chiu, se faisait passer à tabac par des policiers hongkongais. Cette même vidéo a été partiellement censurée par la direction de la chaîne hongkongaise
TVB. Les propos expliquant que les policiers rouaient de coups le manifestant ont été retirés de la voix-off accompagnant la vidéo. Dans une
lettre ouverte, 27 journalistes de
TVB ont dénoncé l’autocensure de leur direction. Reporters sans frontières soutient cette initiative.
L'organisation s’indigne de ces blocages répétés de l’information sur les événements cruciaux dont Hong Kong est le théâtre. “Il est inacceptable que l’injonction de la cour n’ait pas été suivie des faits par les policiers présents sur les lieux, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique chez Reporters sans frontières. Cette atteinte est d’autant plus grave que le site en ligne était inaccessible mardi après-midi. La censure et les pressions orchestrées par Pékin doivent également cesser. Nous appelons à nouveau les médias à ne pas céder à l’autocensure. Ce faisant, ils mettent en péril leur crédibilité et leur raison d’être.”
Le 10 octobre dernier, Reporters sans frontières a
dénoncé le contrôle grandissant de Pékin au sein de la région administrative spéciale de Hong Kong, et appelé l’exécutif hongkongais à garantir le respect de la liberté de la presse et de l’information. Une semaine auparavant, l’organisation s
’inquiétait également de la capacité du régime à modifier le traitement de l’information, y compris par la presse étrangère.
Hong Kong occupe le 61e rang sur 180 dans le
Classement mondial de la liberté de la presse en 2014 établi par Reporters sans frontières.