Le journaliste pakistanais
Hafeez Ur Rehman, âgé de 42 ans, a été abattu par balles par des assaillants à moto alors qu’il rentrait chez lui dans le district de Kohat, le 22 novembre 2015. Touché à trois reprises, il est mort sur le coup. Ses assaillants, en fuite, n’ont pas pu être identifiés. Journaliste depuis douze ans, Hafeez Ur Rehman travaillait pour la chaîne privée
Neo TV. Il était également le propriétaire d’une chaîne locale,
New Star et rédacteur en chef du quotidien
Asia jusqu’à sa fermeture il y un an.
L’assassinat de Hafeez Ur Rehman intervient moins de trois semaines après l’attaque dont a été victime
Muhammad Zaman Mehsud, journaliste de 40 ans tué selon le même
modus operandi dans le district de Tank, dans le sud de la province de Khyber Pakhtunkhwa. Correspondant local du journal
Nai Baat, rédacteur pour le
Daily Ummat et secrétaire général de l’organisation
Tribal Union of Journalists au Sud-Waziristan, Muhammad Zaman Mehsud a succombé à ses blessures le 3 novembre dernier après avoir reçu cinq balles dans le corps. Les Talibans ont par la suite revendiqué son meurtre.
«
Ces deux nouvelles attaques meurtrières en un mois témoignent de façon inadmissible de la situation sécuritaire désastreuse pour les journalistes au Pakistan, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
Nous appelons les autorités de la province de Khyber Pakhtunkhwa à tout mettre en oeuvre pour traduire en justice les responsables de ces crimes et à enfin mettre en place les mesures nécessaires pour que les journalistes puissent exercer leur métier librement, sans crainte d’être assassinés. Face au climat d’impunité florissant au Pakistan, une prise de conscience est nécessaire. Le droit à l’information de 185 millions de Pakistanais en dépend. »
Si le motif de l’assassinat de Hafeez Ur Rehman n’est pas encore déterminé, les journalistes constituent une cible privilégiée des militants armés de la province de Khyber Pakhtunkhwa, notamment des Talibans. Ces derniers ont récemment critiqué la couverture qui leur est réservée dans les médias pakistanais depuis que l’armée impose un blackout médiatique sur leurs activités. Proche de l'Afghanistan et des régions tribales, la province de Khyber Pakhtunkhwa est au cœur d'un conflit armé entre l'armée pakistanaise et les Talibans.
Le Pakistan,
159e au Classement mondial de la liberté de la presse 2015 établi par Reporters sans frontières, continue de s’illustrer par la culture de l’impunité qu’il entretient. Les assassins du journaliste Saleem Shahzad, dont le cas a été mis en avant par RSF lors de la
Journée mondiale de lutte contre l’impunité, n’ont toujours pas été appréhendés, plus de quatre ans après les faits.