La nouvelle loi antiterroriste, adoptée moins d'une semaine après la prise
d'otages à Moscou, aggrave la censure sur le conflit tchétchène et ouvre la
voie à de nouvelles atteintes à la liberté de la presse en Russie.
Le 4 novembre 2002, Reporters sans frontières a adressé un courrier à Ambeyi Ligabo, Rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'opinion et d'expression et à Lydie Polfer, présidente du Comité des ministres du Conseil de l'Europe. Reporters sans frontières fait part de son inquiétude après l'adoption par la Douma, le 1er novembre 2002, d'une nouvelle loi antiterroriste restreignant considérablement la liberté des médias dans le pays. L'organisation a souligné que cette loi laissait présager une aggravation de la censure qui entoure, depuis de nombreuses années, le conflit tchétchène et pourrait entraîner de nouvelles atteintes à la liberté de la presse dans le pays.
Reporters sans frontières a demandé aux Nations unies et au Conseil de l'Europe d'intervenir auprès des autorités russes afin de leur signifier que cette loi est contraire aux standards internationaux en matière de liberté de la presse. "La population russe est déjà privée d'une information fiable et indépendante sur le conflit tchétchène. Cette censure ne doit pas se renforcer et s'institutionnaliser sous le prétexte de la lutte antiterroriste", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation.
Reporters sans frontières rappelle que plusieurs médias russes ont d'ores et déjà été sanctionnés pour leur couverture de la récente prise d'otages à Moscou. Le 25 octobre 2002, le ministre de l'Information, Mikhaïl Lessine, a ordonné la fermeture de la chaîne de télévision régionale Moskovia pour "violation de la loi antiterroriste et de la loi sur l'information". Il a également menacé de fermer le site internet de la radio Echo de Moscou pour avoir diffusé une interview des preneurs d'otages. Enfin, le 2 novembre, l'hebdomadaire Versia a fait l'objet d'une perquisition par les services de sécurité russes (FSB), qui ont confisqué le serveur informatique du journal. D'après le directeur de Versia, Andrei Soldatov, cette opération est liée à la préparation d'un article sur l'intervention des forces spéciales lors de la libération des otages, publié le 4 novembre.