A Noël, la Chine ne fait pas de cadeaux

Reporters exprime sa profonde indignation quant aux conditions dans lesquelles s’est déroulé aujourd’hui, le 23 décembre 2009, à Pékin, le procès du célèbre défenseur de la liberté d’expression Liu Xiaobo (刘晓波). Le verdict sera annoncé le jour de Noël à 9 heures, heure de Pékin (1 heure GMT). Le dissident encourt jusqu'à quinze ans de prison. Le procès a duré deux heures et demie, selon l’un de ses avocats, Ding Xikui. Des dizaines de diplomates étrangers, ainsi que des manifestants qui s’étaient déplacés pour afficher leur soutien au dissident, ont été empêchés d’assister à l’audience. La presse internationale a été tenue à l’écart de l’entrée du tribunal. La femme du dissident, Liu Xia, a déclaré à l’Agence France Presse, par téléphone, qu’elle n'a pas été autorisée à sortir de chez elle par la police qui surveille sa maison. Le frère et le beau-frère de Liu Xiaobo ont pu cependant se rendre au tribunal. "La tenue même de ce procès, condamné par les militants des droits de l’homme à travers le monde, ainsi que par l’Union européenne et les Etats-Unis, constitue une insulte à l’Etat de droit en Chine", a déclaré Reporters sans frontières, avant d’ajouter : "En choisissant d’annoncer le verdict le jour de Noël, les autorités chinoises font preuve d’un cruel manque de subtilité dans leur tentative d’étouffer les protestations qui ne manqueront pas d’être entendues si Liu Xiaobo est condamné. Une nouvelle fois, le régime décide de s’en prendre à des dissidents lorsque la vigilance de la communauté internationale est censée décliner, en période de fêtes. Une attitude qui indique clairement que les autorités ont peur de Liu Xiaobo et des idées démocratiques qu’il défend." Arrêté en décembre 2008, Liu Xiaobo est accusé de “subversion du pouvoir de l'Etat” pour des articles publiés sur Internet et pour sa participation à l'élaboration de la Charte 08, un texte demandant des réformes démocratiques en Chine. En 2007, le militant des droits de l’homme Hu Jia avait également été arrêté au moment des fêtes de fin d’année, le 27 décembre, avant d’être condamné en mars 2008 à trois ans et demie de prison pour "incitation à la subversion au pouvoir de l’Etat". Il entame ce 27 décembre sa 3e année en captivité. En 2006, l'avocat et défenseur des droits de l’homme Gao Zhisheng avait été, de la même manière, condamné à trois ans de prison juste avant Noël.
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Updated on 20.01.2016