Loi sur la protection des journalistes au Pakistan : RSF appelle les autorités à la concertation

Alors que le gouvernement fédéral a récemment annoncé qu’il avait finalisé le texte d’un projet de loi sur la sécurité des journalistes, sans pour autant en révéler le contenu, Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à une indispensable concertation, sans quoi le texte risque fort de manquer ses objectifs.

La question est, au Pakistan plus qu’ailleurs, trop importante pour être négligée. Le ministre de l’Information, Shibli Faraz, a annoncé le 10 novembre dernier qu’un projet de loi sur la protection des journalistes a été finalisé et qu’il serait prochainement présenté devant le Parlement. Le gouvernement n’a malheureusement pas rendu ce texte public, ni ne l’a partagé avec les principaux acteurs du secteur des médias.


“Nous appelons le gouvernement du Premier ministre Imran Khan à la concertation avant que le projet de loi ne soit définitivement adopté en cabinet ministériel, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF.


“Nous saluons cette initiative, mais rappelons aux autorités pakistanaises qu’une consultation avec les organisations de défense de la liberté de la presse, au Pakistan comme sur le plan international, est absolument indispensable. Une loi mal préparée a toutes les chances, au mieux de rester stérile, voire, pire, d’être contre-productive.”


Procureur spécial


RSF a, en association avec son partenaire locale Freedom Network, mis au point une proposition de loi sur la protection des journalistes, en concertation avec les différents représentants des syndicats de reporters, des éditeurs de presse et de la société civile.


Le texte reprend plusieurs recommandations émises par le plan d’action des Nations unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, en les adaptant au contexte pakistanais. Ainsi, cette proposition de loi prévoit notamment l’instauration de procureurs spéciaux spécifiquement chargés de la lutte contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes, et ce au niveau fédéral comme au niveau des quatre provinces du pays.


Il y a un an, le 12 novembre 2019, Saeed Ghani, ministre de l’Information de la province du Sindh, la deuxième province la plus peuplée du pays, s’était officiellement engagé pour que l’assemblée provinciale adopte le texte en l’état. 


Le Pakistan se classe 145e sur 180 pays dans l’édition 2020 du Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF.

Publié le
Updated on 24.11.2020