Lettre ouverte à Ségolène Royal, candidate socialiste à l'élection présidentielle

Ségolène Royal a demandé des informations sur le sort de trois journalistes emprisonnés Lors de rencontres avec des officiels chinois le 8 janvier 2007, Ségolène Royal, candidate socialiste à la présidence de la République française, a demandé des informations sur le sort de deux avocats, Chen Guangcheng et Gao Zhisheng, et trois journalistes emprisonnés, Zhao Yan, Ching Cheong et Yang Zili. Le chef adjoint du département international du comité central du Parti communiste chinois, Zhang Zhijun, a déclaré que cette requête serait examinée. Des membres de la délégation de Ségolène Royal ont également rencontré des représentants d'organisations officielles de journalistes et de juristes. Interrogé sur la démarche de la candidate, Maître Mignard, son conseiller, a expliqué : "Sans journalistes, il n'y a pas d'information, sans information, il n'y a pas de démocratie". --------------------- Madame Ségolène Royal Présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes Députée des Deux-Sèvres Palais Bourbon 75355 Paris 07 SP Paris, le 5 janvier 2007 Madame la Présidente, A la veille de votre visite en République populaire de Chine, Reporters sans frontières souhaite attirer votre attention sur la situation des journalistes, internautes et défenseurs des droits de l'homme dans le pays. En préparation de votre séjour, vous avez affirmé que vous comptiez bien évoquer avec vos interlocuteurs chinois, la situation des droits de l'homme. Vous avez notamment indiqué que vous poseriez la question de la ratification par Pékin du pacte des Nations unies relatif aux droits civils et politiques. Peut-être pourrez-vous leur rappeler que cela fait près de dix ans que les autorités ont promis de le faire. Il nous semble primordial que vous puissiez, en votre qualité de députée et de présidente d'un conseil régional, demander la libération de journalistes et d'internautes emprisonnés. Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir évoquer la situation de journalistes condamnés à des peines de prison, notamment Zhao Yan, collaborateur du New York Times, Ching Cheong, journaliste hongkongais du Straits Times ou Yang Zili, fondateur du site Internet lib126.com. L'année 2007 a certes commencé avec une bonne nouvelle pour la liberté de la presse : les journalistes étrangers ne sont plus obligés de demander une autorisation préalable pour se déplacer dans le pays ou faire une interview. Mais des milliers de sites Internet d'informations basés à l'étranger, notamment Wikipédia, sont bloqués en Chine, et les radios internationales, comme la BBC World Service, sont brouillées. La répression à l'encontre de la presse libérale et des internautes n'a pas cessé. Au cours des derniers mois, le Département de la propagande s'en est pris aux publications les plus critiques telles que Bing Dian, Nanfang Dushi Bao (Les Nouvelles de la métropole du Sud) et Xin Jing Bao (Les Nouvelles de Pékin). Internet subit malheureusement le même sort que les médias traditionnels. La Chine perfectionne année après année son système de filtrage et de surveillance du Réseau, réduisant toujours davantage la liberté d'expression des internautes. Reporters sans frontières est particulièrement préoccupée par la collaboration des entreprises du secteur de l'Internet, pour la plupart américaines (ex: Yahoo !, Microsoft, Cisco, Google), avec les autorités de Pékin. Grâce à ces sociétés, la Chine est en passe de se créer un Internet sur mesure, imperméable aux informations "subversives" venues de l'étranger. L'organisation tient enfin à vous rappeler qu'au moins 32 journalistes et 54 cyberdissidents sont emprisonnés en Chine populaire. La situation de la liberté d'expression est encore plus difficile dans les régions du Tibet, du Xinjiang et de la Mongolie intérieure où existent des mouvements autonomistes. Ne doutant pas de votre attachement à ces questions, je vous prie d'agréer, Madame la Présidente, l'expression de ma haute considération. Robert Ménard Secrétaire général
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Updated on 20.01.2016