Lettre ouverte à Hillary Clinton à la veille du Dialogue sur les droits de l'homme avec la Chine
Organisation :
Madame Hillary Clinton
Secrétaire d’Etat
Washington DC
États-Unis Paris, le 12 mai 2010 Objet : Dialogue sur les droits de l’homme entre les États-Unis et la Chine Madame la Secrétaire d’État, A l’occasion de la prochaine session du Dialogue sur les droits de l’homme entre les États-Unis et la Chine, le 13 mai 2010, Reporters sans frontières vous demande de soulever tout particulièrement la question de la censure d’Internet et des médias en Chine, dans la lignée de vos déclarations du 21 janvier 2010 en faveur de la liberté d’expression sur le Web. Il est essentiel que les États-Unis fassent pression sur les autorités chinoises pour obtenir des résultats concrets et un suivi précis des priorités identifiées et des engagements pris. Il nous semblerait constructif que les ONG chinoises soient associées à ce processus, en particulier pour en assurer un suivi et une estimation indépendante. Nous vous prions également de bien vouloir intervenir auprès des négociateurs chinois pour obtenir la libération de la centaine de journalistes et net-citoyens emprisonnés dans le pays, en évoquant en particulier les cas de l’intellectuel Liu Xiaobo et du directeur de site Huang Qi, ainsi que du militant des droits de l’homme Hu Jia, du cyberdissident Zhang Jianhong, plus connu sous le pseudonyme Li Hong, et du journaliste en ligne Yang Tianshui. L’état de santé de ces trois derniers est très inquiétant. Leurs vies sont en danger. Enfin, nous vous demandons de vous assurer, auprès du département du Commerce notamment, que les cas évoqués au cours de cette session seront également soulevés lors du prochain Dialogue économique et stratégique entre les Etats-Unis et la Chine, qui débute le 23 mai 2010. La participation de Mike Posner, secrétaire d’Etat adjoint, est un signe positif. Nous estimons que la question de la censure des médias et d’Internet a des répercussions sur les échanges économiques, la transparence et le suivi des investissements notamment, et peut être considérée comme un obstacle au commerce. Il faut à tout prix éviter que ce dialogue ne se solde, comme trop souvent par le passé, par un échec, marqué par de vagues déclarations d’intention vite bafouées, tout en étant instrumentalisé par les autorités chinoises pour prétendre qu’elles font des efforts en matière de droits de l’homme. Or, nous assistons au scénario inverse : la répression s’est accrue ces derniers mois. La Chine est la plus grande prison du monde pour les journalistes, blogueurs et cyberdissidents. Non content faire surveiller les internautes par une cyberpolice forte de 40 000 hommes, le pays a mis en place un système très sophistiqué de censure du Web, qui allie blocage de sites et de mots clés touchant des sujets tels que les droits de l’homme, la démocratie, Tiananmen, le dalaï-lama. La propagande du régime est également très présente sur la Toile. Et les autorités peuvent compter sur la collaboration d’entreprises comme Yahoo ! et Microsoft qui, contrairement à Google, censurent toujours les résultats de leurs moteurs de recherche. Sous couvert d’une campagne contre la pornographie, lancée en janvier 2009, des milliers de sites ont été fermés. Les autorités ont annoncé que les sites Internet devraient s’enregistrer sur une liste blanche sous peine d’être bloqués et que les internautes devront s’identifier pour publier des commentaires en ligne. La loi sur les secrets d’État a été amendée de manière à imposer aux entreprises du secteur d’Internet et des télécommunications de collaborer avec les autorités sur les questions liées à la sécurité nationale. Mais les internautes chinois sont de plus en plus nombreux à prendre conscience de l’ampleur de la censure et à utiliser des outils de contournement pour accéder aux sites bloqués. Ils ont egalement lancé des campagnes de soutien aux dissidents iraniens dans leur combat en faveur de la démocratie. Nous vous demandons de faire entendre leurs voix auprès des autorités et ainsi de les aider à faire reculer la censure. Les médias traditionnels sont eux aussi soumis à une censure draconienne. Le Département de la propagande et le Bureau de l’information du gouvernement ont imposé des règles strictes dans la couverture de l’Exposition universelle de Shanghai. Comment peut-on alors imaginer une "ville meilleure, pour une vie meilleure" dans un pays qui censure Internet et emprisonne massivement des militants des droits de l’homme ? Le slogan de l’Expo Shanghai 2010 est vidé de son sens. Pour dénoncer cette censure et cette répression, Reporters sans frontières a lancé le Jardin des Libertés sur son site : http://fr.rsf.org/shanghai.html. Le 21 janvier 2010, vous avez, dans un discours historique, affirmé très clairement le soutien des États-Unis à la liberté d'expression et d'opinion sur Internet, qui devient une pierre angulaire de la diplomatie américaine. Nous vous demandons aujourd’hui de défendre ces principes auprès du pays qui a sans conteste développé la stratégie de contrôle du Net la plus élaborée au monde. En vous remerciant de l’attention que vous porterez à notre demande, je vous prie d’agréer, Madame la Secrétaire d’État, l’expression de ma haute considération. Jean-François Julliard
Secrétaire général
Secrétaire d’Etat
Washington DC
États-Unis Paris, le 12 mai 2010 Objet : Dialogue sur les droits de l’homme entre les États-Unis et la Chine Madame la Secrétaire d’État, A l’occasion de la prochaine session du Dialogue sur les droits de l’homme entre les États-Unis et la Chine, le 13 mai 2010, Reporters sans frontières vous demande de soulever tout particulièrement la question de la censure d’Internet et des médias en Chine, dans la lignée de vos déclarations du 21 janvier 2010 en faveur de la liberté d’expression sur le Web. Il est essentiel que les États-Unis fassent pression sur les autorités chinoises pour obtenir des résultats concrets et un suivi précis des priorités identifiées et des engagements pris. Il nous semblerait constructif que les ONG chinoises soient associées à ce processus, en particulier pour en assurer un suivi et une estimation indépendante. Nous vous prions également de bien vouloir intervenir auprès des négociateurs chinois pour obtenir la libération de la centaine de journalistes et net-citoyens emprisonnés dans le pays, en évoquant en particulier les cas de l’intellectuel Liu Xiaobo et du directeur de site Huang Qi, ainsi que du militant des droits de l’homme Hu Jia, du cyberdissident Zhang Jianhong, plus connu sous le pseudonyme Li Hong, et du journaliste en ligne Yang Tianshui. L’état de santé de ces trois derniers est très inquiétant. Leurs vies sont en danger. Enfin, nous vous demandons de vous assurer, auprès du département du Commerce notamment, que les cas évoqués au cours de cette session seront également soulevés lors du prochain Dialogue économique et stratégique entre les Etats-Unis et la Chine, qui débute le 23 mai 2010. La participation de Mike Posner, secrétaire d’Etat adjoint, est un signe positif. Nous estimons que la question de la censure des médias et d’Internet a des répercussions sur les échanges économiques, la transparence et le suivi des investissements notamment, et peut être considérée comme un obstacle au commerce. Il faut à tout prix éviter que ce dialogue ne se solde, comme trop souvent par le passé, par un échec, marqué par de vagues déclarations d’intention vite bafouées, tout en étant instrumentalisé par les autorités chinoises pour prétendre qu’elles font des efforts en matière de droits de l’homme. Or, nous assistons au scénario inverse : la répression s’est accrue ces derniers mois. La Chine est la plus grande prison du monde pour les journalistes, blogueurs et cyberdissidents. Non content faire surveiller les internautes par une cyberpolice forte de 40 000 hommes, le pays a mis en place un système très sophistiqué de censure du Web, qui allie blocage de sites et de mots clés touchant des sujets tels que les droits de l’homme, la démocratie, Tiananmen, le dalaï-lama. La propagande du régime est également très présente sur la Toile. Et les autorités peuvent compter sur la collaboration d’entreprises comme Yahoo ! et Microsoft qui, contrairement à Google, censurent toujours les résultats de leurs moteurs de recherche. Sous couvert d’une campagne contre la pornographie, lancée en janvier 2009, des milliers de sites ont été fermés. Les autorités ont annoncé que les sites Internet devraient s’enregistrer sur une liste blanche sous peine d’être bloqués et que les internautes devront s’identifier pour publier des commentaires en ligne. La loi sur les secrets d’État a été amendée de manière à imposer aux entreprises du secteur d’Internet et des télécommunications de collaborer avec les autorités sur les questions liées à la sécurité nationale. Mais les internautes chinois sont de plus en plus nombreux à prendre conscience de l’ampleur de la censure et à utiliser des outils de contournement pour accéder aux sites bloqués. Ils ont egalement lancé des campagnes de soutien aux dissidents iraniens dans leur combat en faveur de la démocratie. Nous vous demandons de faire entendre leurs voix auprès des autorités et ainsi de les aider à faire reculer la censure. Les médias traditionnels sont eux aussi soumis à une censure draconienne. Le Département de la propagande et le Bureau de l’information du gouvernement ont imposé des règles strictes dans la couverture de l’Exposition universelle de Shanghai. Comment peut-on alors imaginer une "ville meilleure, pour une vie meilleure" dans un pays qui censure Internet et emprisonne massivement des militants des droits de l’homme ? Le slogan de l’Expo Shanghai 2010 est vidé de son sens. Pour dénoncer cette censure et cette répression, Reporters sans frontières a lancé le Jardin des Libertés sur son site : http://fr.rsf.org/shanghai.html. Le 21 janvier 2010, vous avez, dans un discours historique, affirmé très clairement le soutien des États-Unis à la liberté d'expression et d'opinion sur Internet, qui devient une pierre angulaire de la diplomatie américaine. Nous vous demandons aujourd’hui de défendre ces principes auprès du pays qui a sans conteste développé la stratégie de contrôle du Net la plus élaborée au monde. En vous remerciant de l’attention que vous porterez à notre demande, je vous prie d’agréer, Madame la Secrétaire d’État, l’expression de ma haute considération. Jean-François Julliard
Secrétaire général
Publié le
Updated on
20.01.2016