A quelques jours du scrutin présidentiel, Reporters sans frontières a appelé le président par interim à manifester concrètement sa volonté de promouvoir la liberté d'expression en autorisant les médias étrangers à travailler et à émettre dans le pays, en facilitant l'accès libre à l'Internet et en mettant en place les conditions nécessaires à l'émergence d'une presse indépendante.
Le 8 février 2007, Reporters sans frontières a adressé au président par intérim du Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhamedov, une lettre ouverte l'exhortant à prendre, conformément à ses déclarations, des mesures en faveur de la liberté d'expression. A l'approche de l'élection présidentielle du 11 février, l'organisation de défense de la liberté de la presse a pris “acte des récentes déclarations (du Président par intérim) en faveur du développement de la démocratie, de l'instauration de la liberté d'expression et d'un accès libre à l'Internet. Elle a rappelé l'urgence qu'il y a à améliorer la situation de la liberté de la presse dans un pays “qui détient malheureusement de tristes records en matière de violations de la liberté d'informer et d'être informé. Dans le classement 2006 de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans frontières, le Turkménistan est classé au 167e rang sur 168 pays, ce qui en fait le pire Etat dans le monde après la Corée du Nord.
Dans ce contexte et à quelques jours du scrutin présidentiel, l'organisation a exhorté Gourbangouly Berdymoukhamedov à “manifester concrètement (sa) volonté de promouvoir la liberté d'expression. Il serait incompréhensible, pour ne pas dire intolérable, que de telles violations des droits de l'homme se reproduisent. Des changements significatifs doivent être apportés dans le pays en termes de liberté de la presse et de liberté d'expression”.
Reporters sans frontières a notamment engagé le Président par intérim à “examiner la possibilité d'autoriser les médias étrangers à travailler et à émettre dans le pays, de faciliter l'accès libre à l'Internet - pour le moment totalement contrôlé par l'Etat et accessible à 1 % de la population - et de mettre en place les conditions nécessaires à l'émergence et au développement d'une presse indépendante”. Enfin, en guise de gages de libéralisation du pays, l'organisation a appelé Gourbangouly Berdymoukhamedov à “considérer l'éventualité d'une amnistie pour les journalistes et les opposants emprisonnés”.
Reporters sans frontières a évoqué le cas de trois journalistes et militants des droits de l'homme arrêtés en juin 2006 pour avoir collaboré avec un média étranger : Annakourban Amanklytchev, Sapardourdy Khajiev et Ogoulsapar Mouradova, décédée dans la prison où elle purgeait une peine de six ans d'emprisonnement. Leur seul crime est d'avoir contribué à la réalisation d‘un documentaire sur le Turkménistan, diffusé sur France 2, télévision nationale française. “Aujourd'hui, nous déplorons non seulement la mort d‘Ogoulsapar Mouradova, mais aussi l'emprisonnement au secret de ses deux coaccusés, dont on est sans nouvelles depuis leur condamnation”, écrit l'organisation dans son courrier.
Le Turkménistan est l'un des pires pays au monde en matière de liberté de la presse. Il n'y existe aucune presse indépendante. Les médias étrangers y sont persona non grata. L'accès à l'Internet est entièrement contrôlé par l'Etat et la version à laquelle seuls 1 % des Turkmènes ont accès est filtrée. Le décès, le 21 décembre 2006, de Separmourad Niazov, qui avait instauré un véritable culte de la personnalité depuis son accession à la tête du pays en 1991, a ravivé l'espoir d'une libéralisation du régime. Le 11 février 2007, un scrutin présidentiel opposera pour la première fois plusieurs candidats, dont l'actuel président par intérim Gourbangouly Berdymoukhamedov, grand favori de ces élections.