Lettre à Evariste Boshab : "Il faut appeler la classe politique au respect des journalistes"
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Reporters sans frontières apporte son soutien le plus ferme à la "marche de colère" organisée par Journaliste en danger, à Kinshasa, le 26 août 2011, au terme de laquelle les professionnels des médias congolais remettront à Evariste Boshab, président de l'Assemblée nationale et secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, au pouvoir), un mémorandum appelant à la déchéance du député de la majorité présidentielle Yves Kisombe.
A travers cette mobilisation, destinée à protester contre les violences physiques ou verbales contre les journalistes, les défenseurs de la liberté de la presse envoient un signal fort à la classe politique et montrent leur détermination à protéger leur profession et la liberté d'expression.
"Reporters sans frontières vous demande d'entendre l'inquiétude des professionnels des médias congolais. A trois mois des élections présidentielle et législatives prévues pour fin novembre 2011, un rendez-vous important pour la nation congolaise, il est primordial de garantir la liberté d'expression des journalistes ainsi que le droit à l'information des citoyens", a écrit l'organisation dans un courrier adressé à Evariste Boshab, le 25 août 2011.
"En tant que secrétaire général du PPRD, vous devez rappeler les représentants et les militants de votre parti au respect de la liberté et de l'intégrité physique des journalistes. La compétition politique est normale en démocratie, en particulier en période de campagne électorale. L'intimidation voire la neutralisation de journalistes, au nom du combat politique, sont en revanche inacceptables", a ajouté Reporters sans frontières.
Ces derniers jours, Yves Kisombe, député de la majorité présidentielle, a proféré des insultes et des menaces graves contre la rédactrice en chef de la chaîne RTVS1, Eugénie Ntumba. En réaction, les organisations professionnelles des médias et les directeurs des principaux organes de presse ont décidé de décréter un embargo total de six mois contre ce député sur tous les médias congolais et de former une chaîne de solidarité autour de la journaliste.
Le 19 août dernier, lors du congrès du PPRD tenu au stade des Martyrs, Serge Kembila, cameraman à la RTG@, la radio-télévision du groupe L'Avenir, une station privée émettant à Kinshasa et appartenant à un député qui vient de quitter le PPRD, a été violemment agressé alors qu'il venait de terminer de filmer le discours d'Evariste Boshab. Selon les propos du journaliste, rapportés par Journaliste en danger, ce sont des éléments de la garde rapprochée du secrétaire général du parti et de son service de sécurité qui l'ont tabassé, en voyant le nom de son média sur son gilet de presse. Il lui a été reproché de filmer les gradins vides du stade. Sa cassette lui a été volée.
Enfin, Kizito Mushizi, ancien directeur de la station communautaire Radio Maendeleo, basée à Bukavu, et porte-parole du parti d'opposition Union pour la nation congolaise (UNC) au Sud-Kivu, est actuellement menacé de mort. Le journaliste, ancien président provincial de l'Union nationale de la presse congolaise (UNPC), a appris qu'un complot visant à l'éliminer physiquement avait été élaboré à Bukavu, le 11 août dernier, lors d'une réunion à laquelle assistaient huit personnes, dont des cadres de la majorité présidentielle et trois militaires. Le motif du complot visant à l'assassiner serait lié à son engagement en faveur de l'UNC et à sa capacité, en tant que figure publique respectée, de mobiliser la population derrière les idées de ce parti d'opposition. L'aura dont bénéficie Kizito Mushizi, et que semblent craindre ses ennemis, est la conséquence de ses longues années passées au service du journalisme et de la défense de la liberté de la presse.
Photo : afrikblog.com
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Updated on
20.01.2016