Les tirs contre le quotidien La Tribuna seraient accidentels

En réponse au courrier de Reporters sans frontières, le ministre de la Sécurité, Oscar Álvarez Guerrero, a indiqué qu'une enquête avait été ouverte pour déterminer l'origine de l'attaque contre les locaux de La Tribuna. Selon lui, les coups de feu ont été tirés "accidentellement" par un agent de police en uniforme qui nettoyait son arme de service. Les résultats de l'enquête ont également été communiqués au journal. Celui-ci a affirmé ne pas être satisfait des conclusions qui contredisent les déclarations des témoins. Pour l'hebdomadaire, le doute persiste sur les motivations du tireur. Il souligne que trois journalistes qui avaient mis en cause des policiers dans un trafic de drogue ont reçu des menaces. La Tribuna affirme, par ailleurs, que l'auteur des tirs n'a pas été convoqué par le parquet, ni par la Direction générale d'enquête criminelle (DGIC). ___________________________________ 6.10.2004 - Les locaux d'un journal cibles de tirs Reporters sans frontières a exprimé sa préoccupation après l'attaque subie par le quotidien La Tribuna, le 1er octobre 2004, basé dans la capitale Tegucigalpa. "Nous sommes préoccupés par ce nouvel acte de violence contre la presse, dans un pays où les médias étaient jusqu'alors épargnés. Nous vous demandons d'éclaircir au plus vite les mobiles de cette agression qui pourrait être liée aux enquêtes du journal sur le crime organisé. Notre inquiétude est d'autant plus grande que La Tribuna avait reçu des menaces dernièrement", a déclaré Reporters sans frontières dans une lettre adressée à Oscar Álvarez, ministre de la Sécurité du Honduras. L'organisation a rappelé l'assassinat, en novembre 2003, de Germán Antonio Rivas, directeur de la chaîne Corporación Mayavisión-Canal 7. "Tant que ce crime ne sera pas résolu, les journalistes se sentiront menacés. Il est fondamental que les autorités ne laissent pas s'installer un climat d'impunité", a souligné Reporters sans frontières. Le 1er octobre, à 19 heures, un inconnu a tiré à deux reprises en direction des bureaux du quotidien La Tribuna. Il faisait partie d'un groupe d'individus vêtus d'uniformes militaires ou policiers circulant à bord d'un véhicule de couleur blanche. Le journal avait déjà reçu des menaces de criminels détenus au centre pénitentiaire national "Marco Aurélio Soto", située à 25 km au nord de la capitale, à la suite de reportages sur le crime organisé. Contacté par Reporters sans frontières, un journaliste de la rédaction a expliqué que plusieurs chefs du crime organisé continuaient à diriger leurs activités depuis cette prison, la plus grande du pays, et notamment le trafic de drogue. Fondée en 1976, La Tribuna appartient à l'ancien président Carlos Flores, dont le bureau est situé au deuxième étage des locaux. Selon le journal, il n'était pas présent lorsque les coups de feu ont été tirés. Le 26 novembre 2003, Germán Antonio Rivas, directeur de la chaîne Corporación Mayavisión-Canal 7, basée à Santa Rosa del Copán (ouest du pays, frontière avec le Guatemala), était tué par balles par deux inconnus alors qu'il venait d'arriver sur son lieu de travail. Le journaliste dénonçait "les faits et les personnes liés à la corruption ou au crime organisé". Quelques mois plus tôt, il avait déjà été la cible d'un attentat. L'hypothèse d'un acte motivé par les activités journalistiques de la victime n'est cependant pas la seule.
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Updated on 20.01.2016