Les prisons éthiopiennes ne renferment plus de journalistes
Organisation :
Reporters sans frontières salue la libération, le 6 septembre 2004, du dernier journaliste emprisonné en Ethiopie, Tewodros Kassa, ancien rédacteur en chef de l'hebdomadaire Ethiop. Condamné à deux ans de prison par la Haute Cour fédérale après avoir été reconnu coupable de « publication d'informations fabriquées pouvant inciter à la violence politique », il était détenu depuis le 10 juillet 2002 à la prison centrale d'Addis-Abéba.
« Certes, cette bonne nouvelle signifie que, à ce jour, les prisons éthiopiennes ne renferment plus de journalistes, a déclaré Reporters sans frontières. Mais la situation reste préoccupante, tant le gouvernement d'Addis-Abéba s'obstine à maintenir une surveillance stricte des médias. »
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18.08.2004
Tewodros Kassa à nouveau condamné à la veille de sa sortie de prison
Tewodros Kassa, ancien rédacteur en chef de l'hebdomadaire en langue amharique Ethiop, qui purgeait depuis le 10 juillet 2002 une peine de deux ans de prison pour "diffusion de fausses informations pouvant inciter à la violence publique", s'est vu une nouvelle fois sanctionné par la justice éthiopienne à la veille de sa sortie de prison.
Le journaliste a été condamné, en juin dernier, à trois mois de prison ferme pour une affaire de diffamation datant de l'année 2000.
Le gouvernement éthiopien ne semble pas vouloir relâcher la pression sur les médias indépendants. Un avant-projet de loi sur la presse a été publié en mai 2004 par le ministère de l'Information. Si ce texte contient quelques avancées, comme le principe de confidentialité des sources, il renferme encore des dispositions qui ne respectent pas les normes internationales en matière de libre expression : restrictions à l'accès au métier de journaliste, pénalisation des délits de presse (jusqu'à cinq ans de prison), création d'un Conseil de presse controlé par l'Etat et ayant pour rôle de faire appliquer un code d'éthique.
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12.07.2002
Un journaliste condamné à deux ans de prison pour diffamation
Dans une lettre adressée au Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, Reporters sans frontières a protesté contre la condamnation de Tewodros Kassa, l'ancien rédacteur en chef de l'hebdomadaire en langue amharique, Ethiop. Reporters sans frontières a demandé au chef du gouvernement de saisir les autorités compétentes afin qu'il soit libéré immédiatement. "Sans se prononcer sur le fond de l'affaire, Reporters sans frontières tient à rappeler qu'une condamnation à une peine de prison ferme pour "diffamation" est considérée, par les instances internationales en charge des droits de l'homme, comme "disproportionnée" par rapport au préjudice subi par la victime" a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. L'organisation a souligné que Abid Hussain, rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, considère la détention "en tant que condamnation de l'expression pacifique d'une opinion" comme "une violation grave des droits de l'homme". Robert Ménard a également ajouté que le problème en Ethiopie vient des lois régissant le secteur de la presse qui sont très répressives. Il faut absolument abroger la loi sur la presse de 1992 et modifier le code pénal dans un sens plus libéral et plus respectueux de la liberté d'expression. L'organisation a rappelé que Meles Zenawi fait partie de la liste des trente-huit prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.
D'après les informations recueillies par Reporters sans frontières, Tewodros Kassa, l'ancien rédacteur en chef de l'hebdomadaire Ethiop a été condamné, le 10 juillet 2002, à deux ans de prison par la Haute Cour fédérale en vertu de la loi sur la presse et de l'article 480 du code pénal. Il a été reconnu coupable d'avoir publié dans trois articles des "informations fabriquées pouvant inciter à la violence politique et dégradant la réputation de M. Duki". En effet, dans un article intitulé "Le meurtrier non identifié de l'homme d'affaires", Tewodros Kassa rapportait que l'homme d'affaires Duki Feyssa, suspecté d'être un membre de l'OLF (Front de libération oromo) aurait été tué par les forces de sécurité de l'Etat. Son fils a reproché au journal Ethiop d'avoir ainsi porté atteinte à la réputation de son père. Le rédacteur en chef a commencé à purger sa peine le jour même. Tewodros Kassa avait déjà été condamné à une année de prison pour les mêmes chefs d'accusation en 2000.
Reporters sans frontières a par ailleurs rappelé que l'ancienne rédactrice en chef du journal Tarik, Lubaba Said, a été condamnée le 3 avril 2002 par la Haute Cour fédérale à un an de prison pour "fabrication de fausses nouvelles de nature à démotiver l'armée nationale et à causer des troubles dans l'esprit des gens". Elle avait publié, plusieurs années auparavant, deux articles faisant état de la défection de membres de la garde présidentielle.
Publié le
Updated on
20.01.2016