Les exactions contre les journalistes du média Ethio News, symbole de la répression de la liberté de la presse en Éthiopie

La chaîne d’information Ethio News, suivie par 190 000 personnes, ne diffuse plus de contenus depuis le 13 novembre 2023, date de l’arrestation de l’un des deux cofondateurs. Le second a lui été récemment contraint à l’exil. Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’écrasement quotidien des médias éthiopiens abordant le conflit dans la région Amhara par les autorités.

Quitter son pays pour survivre et échapper à des arrestations arbitraires : une douloureuse épreuve vécue par le journaliste Belete Kassa Mekonnen. Le cofondateur et rédacteur en chef adjoint d’Ethio News, une chaîne d’information YouTube suivie par près de 190 000 personnes et couvrant notamment le conflit dans la région Amhara, a été contraint de quitter l’Éthiopie il y a quelques semaines. Il serait visé par un mandat d’arrêt, témoigne le journaliste dans une lettre publiée sur le site web de l’association des Amharas d’Amérique, le 15 mars dernier, s’appuyant sur des sources militaires. En janvier déjà, il avait alerté sur le fait qu’il était surveillé, selon des informations transmises par ses voisins lui indiquant que “des agents de sécurité en civil pos[ai]ent des questions” à son sujet, aux abords de son domicile.  

Son confrère, Belay Manaye, cofondateur du média, a lui été arrêté le 13 novembre dernier à Addis Abeba, la capitale éthiopienne. Ses téléphones, son ordinateur et son routeur Wifi ont été saisis. Il est depuis détenu au camp militaire d’Awash Arba, situé en plein désert, à près de 150 kilomètres de la capitale. Blessé lors d’une tempête de sable, il n’aurait toujours pas accès à des soins médicaux appropriés, d’après trois sources consultées par RSF qui souhaitent conserver l’anonymat.

La chaîne Ethio News est le symbole de la répression terrible exercée par les autorités éthiopiennes envers les journalistes, et particulièrement ceux couvrant le conflit Amhara. Quand certains croupissent dans des cellules de la capitale ou sont envoyés en plein désert, d’autres sont contraints à l’exil. RSF dénonce la répression constante subie depuis plusieurs années par les journalistes abordant les conflits internes en Éthiopie.

Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

Au moins six journalistes sont emprisonnés en Éthiopie en raison de leur couverture du conflit dans la région Amhara, dont trois sans aucune charge retenue contre eux, d’après le décompte de RSF. En février 2024, les autorités éthiopiennes ont aussi détenu Antoine Galindo, journaliste français travaillant pour le site d’information spécialisé Africa Intelligence, durant une semaine.

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