Éthiopie : RSF soulagée par la libération de trois journalistes éthiopiens détenus pendant plusieurs mois

Trois journalistes enfermés en raison de leur couverture du conflit de la région Amhara viennent d’être libérés. Ils ont passé entre sept à dix mois  en détention en vertu de la loi relative à l’état d’urgence. Soulagée de leur libération, Reporters sans frontières (RSF) appelle désormais les autorités à libérer les cinq journalistes toujours détenus.

Premier signe d’assouplissement des politiques répressives en Éthiopie. Respectivement détenus depuis sept et dix mois, dont une majeure partie dans le camp militaire d’Awash Arba, situé à 250 kilomètres à l’est de la capitale Addis-Abeba, Belay Manaye, cofondateur de la chaîne YouTube Ethio News et Bekalu Alamirew, fondateur et rédacteur en chef du média en ligne Alpha TV, sont libres depuis le 17 juin. L’animateur de la chaîne d’information YouTube Yegna TV et du média en ligne Menelik TVTewodros Zerfu, a lui été détenu pendant dix mois et a été libéré deux jours plus tôt. 

Si les circonstances de ces libérations restent floues, elles ont eu lieu peu après la levée de l’état d’urgence le 5 juin. Enclenché en août 2023, il autorisait l’arrestation de civils sans mandat du tribunal. Aucune charge n’a pourtant jamais été retenue contre les journalistes. Ils ont été enfermés au sein du camp militaire d’Awash Arba, puis à partir du 28 mai au bureau d’investigations criminelles de la police fédérale à Addis-Abeba. 

Dans une lettre du 11 juin consultée par RSF, le tribunal fédéral de première instance a ordonné à la police de répondre aux accusations portées par les trois journalistes, qui contestaient la légalité de leur emprisonnement. Leur libération a suivi les 15 et 17 juin.

La libération de ces trois journalistes, détenus sur la base de la loi relative à l’état d’urgence durant plusieurs mois, est un signal positif. Les journalistes n’auraient cependant jamais dû être enfermés pour avoir exercé leur métier, plus que jamais nécessaire dans les zones de conflit. Les autorités éthiopiennes doivent à présent libérer les cinq autres journalistes encore détenus.

Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

Les trois journalistes ont été arrêtés en raison de leur couverture du conflit dans la région Amhara, en proie à des tensions entre l’armée fédérale et des milices nationalistes depuis avril 2023. 

Bekalu Alamirew est dans le viseur des autorités depuis plusieurs années : le journaliste, qui travaillait auparavant pour Awlo Media Center, a été arrêté à quatre reprises depuis novembre 2020. Sa dernière arrestation remonte au 6 août 2023, alors qu’il couvrait des combats depuis plusieurs jours pour Alpha TV. Tewodros Zerfu a lui été arrêté 20 jours plus tard, dans un café de la capitale, avant d’être emmené à Awash Arba dans les jours suivants. Belay Manaye, dont le média Ethio News a subi de plein fouet la répression de la liberté de la presse, a été interpellé le 13 novembre 2023 à Addis-Abeba. Le journaliste avec qui il avait cofondé Ethio News, Belete Kassa Mekonnen, s’est quant à lui exilé au début de l’année, après avoir reçu de nombreuses menaces. 

Cinq journalistes toujours enfermés

Cinq autres journalistes sont toujours détenus par les autorités éthiopiennes. Trois d’entre eux ont été arrêtés en avril 2023 : Genet Asmamaw, journaliste pour le média en ligne Yegna MediaMeskerem Abera, fondatrice et rédactrice en chef du média indépendant Ethio Nikat Media et Dawit Begashaw, rédacteur en chef du média en ligne Arat Kilo. Le directeur de la chaîne YouTube Amhara Media CenterAbay Zewdu, a lui été interpellé en août 2023. Quant à Gobeze Sisay, fondateur de la chaîne YouTube The Voice of Amhara, il a été extradé depuis Djibouti en mai 2023.

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