Reporters sans frontières s'inquiète de la situation des médias à Bukavu, pris à partie par les militaires dissidents de la nouvelle armée nationale congolaise, qui ont multiplié, depuis la prise de la ville, les menaces et les attaques contre les organes d'information locaux.
Reporters sans frontières s'inquiète de la situation des médias à Bukavu, pris à partie par les militaires dissidents de la nouvelle armée nationale congolaise, qui contrôlent le chef-lieu de la province du Sud-Kivu, à la frontière du Rwanda. "Au vu des derniers événements, nous sommes très préoccupés. Depuis la prise de la ville le 2 juin 2004, les troupes insurgées ont multiplié les menaces et les attaques contre les organes d'information locaux. Nous n'assistons pas à de simples pillages mais à une véritable campagne de harcèlement de la part des rebelles, qui semblent considérer les journalistes comme des ennemis", a déclaré l'organisation.
La plupart des radios (comme Radio Maria, Radio Sauti Ya Rehema et Radio Maendeleo) ont été victimes dès le samedi 29 mai, en plein cœur des combats opposant l'armée régulière et les insurgés, de menaces de mort anonymes. Les auteurs de ces coups de fil ont notamment affirmé qu'ils allaient montrer que "les fusils valent mieux que les micros".
La locale de Radio Okapi, propriété de l'Organisation des Nations unies au Congo (MONUC), a également reçu des appels menaçants : "Nous allons nous occuper de toi. Tu es de la MONUC et la MONUC a vendu la ville de Bukavu."
Une fois Bukavu occupée, les médias ont été les cibles d'attaques armées. Des soldats ont tiré sur la porte de Radio Maria pour faire sauter la serrure, qui a résisté. Ils ont alors cassé les vitres du studio et emporté du matériel. Avant de partir, ils ont mitraillé la façade de la maison du directeur, jouxtant la station. A Radio Maendeleo, la porte a été forcée, les deux gardiens bousculés et deux téléphones portables ainsi qu'un talkie-walkie volés.
Le 3 juin, les assaillants ont franchi une nouvelle étape dans la violence. Ils ont fait irruption au domicile de Joseph Nkinzo, directeur de Radio Sauti Ya Rehema (La voix de la miséricorde), en disant "rechercher le journaliste". Par méprise, ils ont abattu Mukamba Mwanaume, son frère cadet, le prenant pour l'homme de presse, puis ont pillé la résidence. Joseph Nkinzo a dû se réfugier au quartier général de la MONUC.
Les rebelles sembleraient reprocher entre autres aux médias d'avoir accordé une trop grande place ces derniers jours aux déclarations du représentant de l'armée régulière, le général Mbuza Mabe, commandant la Xème région militaire du pays.