Les médias appartenant à Jean-Pierre Bemba interrompus, son personnel se cache

Reporters sans frontières exprime son inquiétude sur le sort d'une dizaine de journalistes et techniciens des médias privées appartenant au sénateur Jean-Pierre Bemba, Canal Kin Télévision (CKTV), Canal Congo Television (CCTV), ainsi que la station Radio Liberté Kinshasa (Ralik), contraints de se cacher depuis la fermeture brutale de leurs médias, le 21 mars 2007. "Quels que soient les griefs portés contre Jean-Pierre Bemba, il incombe au Premier ministre, Antoine Gizenga, de veiller à ce que son gouvernement et l'armée respectent l'Etat de droit. Il serait incompréhensible que, s'agissant d'une affaire aussi sensible que la fermeture de médias privés, le nouveau chef du gouvernement laisse la bride sur le cou aux forces de sécurité et soit indifférent à la sécurité des journalistes", a déclaré l'organisation. Le 21 mars, le signal des médias appartenant à Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président et rival malheureux de Joseph Kabila à l'élection présidentielle de 2006, a été interrompu après que celui-ci avait déclaré, dans une interview en lingala, que l'état-major de l'armée détournait, chaque mois, 500 millions de francs congolais initialement destinés au paiement des salaires des soldats. Les deux jours suivants, des affrontement meurtriers se sont déroulés, dans les rues de Kinshasa, entre les Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC) et la garde rapprochée du sénateur Bemba. Celui-ci refusait de voir ses hommes intégrer l'armée régulière, estimant ne pas avoir de garanties suffisantes pour sa sécurité. Au cours de ces affrontements, les locaux de CKTV et de CCTV ont été saccagés. Même si aucun témoignage direct n'est encore disponible, il est probable que cette mise à sac soit le fait d'hommes en uniforme, quasiment aucun civil ne s'étant aventuré dans les rues pendant les combats. Lors d'une rencontre avec la direction de l'organisation partenaire de Reporters sans frontières en RDC, Journaliste en danger (JED), le ministre de l'Information, Toussaint Tshilombo Send, a affirmé que les émissions de ces médias avaient été interrompues par la société gérant les signaux de télévision à Kinshasa, en raison d'impayés. Contacté par JED, un responsable de cette société a reconnu que CCTV était endettée, mais a affirmé qu'il n'avait "jamais été question de couper le signal". Depuis le 21 mars, une grande partie du personnel des médias de Jean-Pierre Bemba se cache. Solange Kwale, journaliste de la chaîne de télévision Antenne A, Basile Olongo, de Radio Lisanga Télévision (RLTV) et Abou Zanga, de CCTV, reçoivent régulièrement des menaces de mort et ont pris, par conséquent, des mesures de sécurité exceptionnelles.
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Updated on 20.01.2016