Les médias électroniques libéralisés mais placés sous surveillance

Reporters sans frontières est très préoccupée par l'adoption de manière précipitée, le 16 mai 2005 par le Parlement, de certains amendements à l'ordonnance de création de l'Autorité pakistanaise de régulation des médias électroniques (PEMRA) de 2002. Ce texte fait peser de nouvelles menaces sur les journalistes des médias électroniques, actuellement en plein développement. Reporters sans frontières regrette vivement le peu de débat suscité par ces amendements au sein de l'Assemblée nationale et demande au Sénat d'amender le texte avant sa promulgation par le président Pervez Musharraf. Même s'il contient de réelles améliorations pour les médias électroniques pakistanais, certains de ses articles constituent une entrave à la liberté d'expression en accordant des pouvoirs accrus à la PEMRA. Cette dernière peut dorénavant saisir du matériel, retirer des licences, initier des enquêtes ou procéder à des arrestations. Ainsi, un nouvel article a été ajouté à la section XVIII de l'ordonnance qui accorde des pouvoirs de police à la PEMRA pour les délits qui tombent sous sa juridiction. Contacté par téléphone, Mazhar Abbas, secrétaire général de la Pakistan Federal Union of Journalists (PFUJ), a déclaré à Reporters sans frontières que cette disposition allait permettre aux autorités de procéder à des arrestations sans mandat de journalistes de médias électroniques. Toute violation de l'ordonnance peut entraîner des peines allant jusqu'à trois ans d'emprisonnement et dix millions de roupies d'amende (environ 13 700 euros). Le ministre de l'Information, Sheikh Rashid, a déclaré ne pas avoir connaissance de la disposition autorisant les arrestations sans mandat, préférant insister sur les aménagements permettant désormais à la même personne de posséder des journaux et des médias électroniques. Plusieurs entreprises étaient jusque-là contraintes d'établir le siège de leurs chaînes de télévision à l'étranger. Reporters sans frontières se réjouit de cette libéralisation qui devrait permettre à de nouveaux médias privés de voir le jour au Pakistan. Reporters sans frontières conteste par contre le bien-fondé du renforcement de la représentation du gouvernement au sein de la PEMRA. Avec cet amendement, le nombre de membres nommés par les autorités passe de quatre sur neuf à sept sur douze, accroissant son influence sur l'institution avec une majorité absolue de postes.
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Updated on 20.01.2016