Reporters sans frontières déplore la fermeture du bulletin bimensuel en ligne
China Development Brief (http://www.chinadevelopmentbrief.com/).
Nick Young, son fondateur et éditeur, a annoncé le 10 octobre 2007 qu'il allait cesser toute publication car "les négociations avec les autorités et la police n'ont rien donné". En septembre, Nick Young s'est vu refuser l'entrée sur le territoire chinois car il était considéré par les autorités comme un "étranger susceptible de mettre en danger la sécurité de l'Etat ou l'ordre de la société chinoise" (article 12 du code de l'immigration).
"Les autorités chinoises, ne pouvant pas ordonner la fermeture de ce bulletin car il est hébergé par un serveur britannique, empêchent son responsable de travailler en Chine. À force de négociations stériles, le gouvernement a contraint Nick Young à abandonner sa publication née il y a douze ans", a déclaré l'organisation.
Le 4 juillet 2007, le Bureau des statistiques de Pékin et le Bureau de la sécurité publique avaient ordonné à Nick Young de cesser toute publication sous prétexte qu'il avait violé la loi sur les statistiques en conduisant des enquêtes non autorisées sur des sujets "sensibles" (épidémie de SIDA, émeutes contre la politique de l'enfant unique).
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12.07 - Suite à la fermeture du site China Development Brief, Reporters sans frontières alerte sur la censure croissante des informations socio-économiques
Le 4 juillet 2007, le Bureau des statistiques de Pékin et le Bureau de la sécurité publique ont ordonné au fondateur du bulletin d'information en ligne
China Development Brief,
Nick Young, de cesser toute publication. Reporters sans frontières condamne cette mesure et alerte les diplomates et les entreprises investissant en Chine sur l'augmentation de la censure des informations socio-économiques, qui empêche tout traitement fiable de la situation réelle du pays.
"On a tendance à croire que la censure des autorités ne porte que sur des sujets politiques 'sensibles' et qu'elle ne concerne que les activistes politiques. La fermeture de sites comme le China Development Brief démontre que le spectre de la censure chinoise est bien plus large, et qu'il touche toute information concernant la société chinoise qui n'est pas dans l'intérêt du parti unique. Elle devrait par ailleurs alerter les entreprises travaillant en Chine sur les dangers d'investir dans un pays où toutes les données sociales et économiques sont manipulées par le pouvoir. Comment investir sereinement dans ce pays lorsque l'on ne dispose pas de données indépendantes sur, par exemple, les évolutions sociales ou la politique sanitaire ?", a déclaré Reporters sans frontières.
China Development Brief (http://www.chinadevelopmentbrief.com/), basé à Pékin, dispose de versions anglaise et chinoise. Il est devenu, depuis sa création en 1995, une source d'information majeure sur le développement de la société civile en Chine. Son bulletin bimensuel comptait parmi ses souscripteurs la Banque Mondiale, des agences des Nations unies et de nombreuses ONG.
Récemment, le site avait publié des articles et des analyses sur des sujets sensibles tels que l'épidémie de SIDA ou les émeutes contre la politique de l'enfant unique. Le serveur hôte du site étant britannique, les autorités chinoises n'ont pas ordonné la fermeture du site, mais elles ont clairement déclaré à Nick Young que toute nouvelle publication serait "illégale". La ligne éditoriale de la version chinoise, lancée en 1999, faisait pourtant preuve de prudence sur les sujets sensibles en Chine et n'était en aucun cas hostile au gouvernement.
Le fondateur et éditeur de la revue s'est déclaré surpris par cette décision. "J'ai toujours adopté un angle positif sur la situation en Chine. J'espère que ces mesures sont le fait d'agents de la sécurité d'Etat zélés et que des personnalités plus importantes du gouvernement et du Parti communiste vont réaliser que les actions de ce genre ne sont pas dans l'intérêt de la Chine," a-t-il déclaré à l'
Agence France Presse.
Le Bureau des statistiques a indiqué à Nick Young qu'il avait violé la loi sur les statistiques en conduisant des enquêtes non autorisées. "Aucun des bulletins de China Development Brief ne comportait de véritable enquête ou de sondage, mais les autorités ont déclaré que cette loi s'appliquait à toutes sortes d'investigations, y compris le fait d'aller parler aux gens", a ajouté Nick Young. Le Bureau de la sécurité publique, contacté par l'
AFP, n'a pas voulu commenter l'affaire.
En février 2007, Reporters sans frontières avait dénoncé le filtrage du site de l'Observatoire international des crises (www.communication-sensible.com), interdit suite à la publication d'un article intitulé "Shanghai, mon amour", qui informait les entreprises sur les risques d'une relation commerciale avec la Chine. L'organisation expliquait déjà que "le filtrage de ce site démontre que la censure du Net chinois va bien au-delà des contenus politiques 'subversifs'". (http://www.rsf.org/article.php3?id_article=21491)