Le reporter pakistanais Nasrullah Chaudhry condamné à cinq ans de prison par un tribunal antiterroriste
Le journaliste a écopé de cette peine au prétexte qu’il serait lié au groupe terroriste Al-Qaeda, ce qu’il a toujours nié. Face à la vacuité du dossier d’accusation, Reporters sans frontières (RSF) demande à la justice pakistanaise de revenir sur ce jugement inique en seconde instance.
Le tribunal antiterroriste de Karachi (sud du Pakistan), a condamné le 26 décembre 2019 le journaliste Nasrullah Chaudhry à cinq ans d’emprisonnement et une amende de 15.000 roupies. Rédacteur au quotidien en langue ourdoue Nai Baat, il a été arrêté dans la nuit du 9 au 10 novembre 2018 pour “possession de documents incitant à la haine religieuse et au jihad”.
Cette qualification a permis au parquet de l’accuser de travailler en liaison avec un terroriste d’Al-Qaeda, puis de le traduire devant un tribunal antiterroriste. De son côté, le journaliste nie toute proximité avec un quelconque militant terroriste, et affirme n’avoir jamais possédé de documents incitant à des crimes de haine.
“Après plus d’un an d’investigation, les enquêteurs n’ont pas été en mesure de fournir de preuve ni d’indice de la culpabilité de Nasrullah Chaudhry, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous appelons le tribunal antiterroriste de Karachi à revenir sur ce jugement inique et, faute d’éléments supplémentaires pour étayer l’accusation, à lever les charges qui pèsent contre lui. Le meilleur moyen de prévenir d'éventuels attentats est de laisser les journalistes enquêter sur le terrorisme”.
Depuis le début de l’affaire, Nasrullah Chaudhry, qui exerce depuis vingt ans et a reçu un soutien unanime de ses pairs du club de la presse de Karachi et de l’union fédérale des journalistes, ne cesse de dénoncer une conspiration des autorités.
Le Pakistan se situe à la 142e position sur 180 pays dans l’édition 2019 du Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF.