Le rédacteur en chef d'un mensuel écarté pour des enquêtes menées sur la corruption et les confiscations de terres
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Le 30 décembre 2006, la direction du mensuel Bai Xing (Masses populaires) a écarté Huang Liangtian de son poste de rédacteur en chef, sous la pression des autorités. Ce dernier avait fait du magazine appartenant au ministère de l'Agriculture une publication réputée pour ses enquêtes et ses reportages incisifs.
"Après avoir entamé l'année 2006 en imposant des purges au sein des rédactions du Xin Jing Bao (Les Nouvelles de Pékin), du Nanfang Dushi Bao (Les Nouvelles de la métropole du Sud) et du Bing Dian (Point de glaciation), le Département de la propagande l'a terminée en écartant sans ménagement le responsable courageux d'une rédaction qui n'hésitait pas à dénoncer la corruption et les confiscations de terres", a affirmé Reporters sans frontières.
"Alors que les autorités accordent de nouvelles libertés aux journalistes étrangers, les médias chinois sont toujours placés sous la stricte surveillance du Département de la propagande et des autorités locales", a ajouté l'organisation.
Huang Liangtian a été informé le 30 décembre qu'il était muté dans une publication mineure qui, selon lui, ne donne pas de "vraies informations". Le journaliste a affirmé craindre une reprise en main de la ligne éditoriale du magazine Bai Xing. "Je ne suis pas sûr que la liberté de la presse va s'améliorer pour les médias gouvernementaux. Je suis triste que ma vie de journaliste s'arrête ainsi", a-t-il expliqué à Reporters sans frontières.
Arrivé à la tête du mensuel en 2004, après vingt ans de carrière au Quotidien des paysans, Huang Liangtian a fait de Bai Xing une publication spécialisée sur les conditions de vie des paysans et des ouvriers. Déjà, en novembre 2006, le site du mensuel (www.bxjj.cn) avait été fermé par les autorités pour ses articles sur la corruption.
Une enquête publiée dans le dernier numéro du mensuel était consacrée à des confiscations de terres dans la province du Jiangsu (Est). Bai Xing avait révélé, dès avril 2006, que l'administration d'une région pauvre de la province du Henan (Centre) avait fait construire une place plus large que celle de Tiananmen à Pékin. Ces mêmes responsables refusaient de dédommager les paysans affectés par cette construction pharaonique. Suite à ce reportage, la section locale du Parti avait demandé la publication d'excuses dans Bai Xing, affirmant que l'ensemble du gouvernement chinois avait été insulté par de telles accusations.
Selon le quotidien hongkongais South China Morning Post, les collègues de Huang Liangtian pensent que son limogeage est lié aux enquêtes sur la corruption, les confiscations de terres et les droits des travailleurs.
Par ailleurs, dès le 1er janvier 2007, la presse étrangère a pu profiter des nouvelles réglementations mises en place par les autorités. Des correspondants ont pu interviewer, sans autorisation préalable, des Pékinois sur la place Tiananmen, tandis que l'agence Reuters a couvert les célébrations du nouvel an depuis plusieurs villes chinoises, également sans en demander l'autorisation.
Publié le
Updated on
20.01.2016