Alors que le nouveau Premier ministre, le docteur Senilagakali, a publiquement relativisé la nécessité d'un retour à la démocratie, les directeurs de publication ont obtenu certaines garanties que leurs rédactions ne seraient pas sujettes à la censure préalable. Ainsi, le Fiji Times a recommencé à paraître le 7 décembre. Dans la soirée du même jour, la télévision nationale a repris son journal télévisé.
Reporters sans frontières dénonce le traitement réservé au rédacteur en chef du Fiji Daily Post été arrêté le 14 décembre. Des militaires sont venus le chercher dans les locaux du journal où il travaillait depuis dix mois. Robert Wolfgramm, de nationalité australienne, a vu son passeport confisqué. Le Fiji Daily Post, qui avait suspendu sa parution lors du putsch devrait continuer à paraître normalement. Par ailleurs, la famille de la reporter Jyoti Pratibha,du Fiji Daily Post, a été menacée le 13 décembre par des militaires qui semblaient à la recherche de Mesake Koroi, directeur du quotidien.
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13.12.2006
Des personnalités critiques menacées par l'armée
Les témoignages de transgression de la liberté d'expression se multiplient à Fidji. Plusieurs personnes ont été convoquées, interrogées ou arrêtées par des militaires pour avoir critiqué le nouveau pouvoir. L'homme d'affaires et ancien journaliste, Imraz Iqbal, a été interrogé par des militaires après avoir publié un article dans le magazine Fiji Living. Au moins deux personnes s'exprimant régulièrement dans le courrier des lecteurs du Fiji Times ont aussi reçu des menaces. Le syndicaliste Kenneth Zinck a été arrêté par les militaires le 6 décembre pour avoir publiquement critiqué le contre-amiral Bainimarama. Les militaires l'ont forcé à courir sur un terrain de sport à Nabua (dans la banlieue de Suva) tard dans la nuit, avant de le sermonner longuement.
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08.12.2006
Les militaires donnent certaines garanties à la presse
Alors que le nouveau Premier ministre, le docteur Senilagakali, a publiquement remis en cause la nécessité d'un retour à la démocratie, les directeurs de publication ont obtenu la garantie que leurs rédactions ne seraient pas sujettes à la censure préalable. Ainsi, le Fiji Times a recommencé à paraître le 7 décembre. Le même jour, la télévision nationale a repris son journal.
Le contre-amiral Franck Bainimarama a déclaré le même jour : "Nous avons retiré nos soldats des médias. (...) Nous n'avions pas totalement censuré la presse. Mais nous voulions empêcher ceux qui tenteraient de profiter de la situation pour inciter les gens à troubler la paix qui règne actuellement". Cette évolution notable de la politique des militaires vis-à-vis des médias fait suite à une réunion, le 7 décembre, entre le Conseil des médias, des directeurs de publication et le haut commandement de l'armée.
Le 8 décembre, des militaires ont perquisitionné sans mandat les locaux de l'entreprise de télécommunications Pacifix Connew à Suva. Les motifs de cet incident ne sont pas connus.
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05.12.2006
La liberté de la presse victime du coup d'Etat militaire
Reporters sans frontières dénonce l'hostilité affichée des militaires fidjiens, auteurs du coup d'Etat du 5 décembre, envers les médias privés et la liberté de la presse. Au moins deux quotidiens ont suspendu leur publication, les émissions d'informations des médias audiovisuels publics ont été momentanément ajournées et des journalistes étrangers ont été empêchés de couvrir certains événements.
"Ce coup d'Etat militaire qui renverse un gouvernement élu a d'ores et déjà montré son vrai visage : un retour en arrière liberticide. Il est regrettable que la communauté internationale n'ait pas réussi à empêcher cette mise à mal annoncée de la démocratie et de la liberté d'informer. Il est urgent que les Nations unies, l'Union européenne et les pays de la région se mobilisent pour obtenir la restauration des libertés, et notamment celle des médias", a affirmé Reporters sans frontières.
L'organisation va intervenir auprès de l'Union européenne pour qu'elle suspende l'accord de coopération signé en 2000 avec les Fidji dans le cadre de l'ACP.
Depuis plusieurs semaines, l'armée menaçait de renverser le gouvernement élu, accusé de sombrer dans la corruption et de ruiner le pays. Dans une allocution télévisée, diffusée le 5 décembre à 18h00, le contre-amiral Franck Bainimarama, autoproclamé chef de l'Etat, a annoncé que l'armée avait pris le contrôle du gouvernement et a suspendu certains articles de la Constitution. La veille, le Fiji Media Council avait condamné la préparation d'un coup d'Etat militaire qualifié d'atteinte à la Constitution et de "honte pour le pays".
Le 5 décembre, la télévision publique a interrompu ses programmes d'informations, quelques heures seulement après que le contre-amiral Franck Bainimarama avait annoncé avoir pris le pouvoir par les armes. Une annonce de la rédaction affirme que le "service d'information de Fiji Television ne reprendra que lorsqu'il pourra être indépendant et exempt de censure." Les deux groupes privés de radio Radio Fiji et Communications Fiji ont également reçu la visite de militaires qui leur ont imposé la censure préalable. Des gardes seraient toujours postés dans les rédactions.
Le même jour, le principal quotidien Fiji Times a suspendu sa publication après avoir été menacé de censure par des militaires. Un article publié sur le site Internet (www.fijitimes.com) explique que des militaires armés se sont présentés dans la rédaction pour demander de ne publier aucune "propagande hostile" à la nouvelle junte. Le directeur de publication, Tony Yianni, a tenté de défendre l'indépendance de la ligne éditoriale. Mais devant l'hostilité des militaires à la publication d'informations indépendantes, il a décidé d'ajourner la parution. Cité par l'agence de presse Flash d'Océanie, le rédacteur en chef Samisoni Kakaivalu a déclaré : "Ce n'est plus du journalisme, c'est de la propagande."
Déjà, le 4 décembre, le Fiji Daily Post avait suspendu sa publication après avoir été menacé par les militaires de représailles s'il maintenait une ligne éditoriale favorable au Premier ministre Laisenia Qarase. Les journalistes ont vidé les locaux de Suva et le directeur de publication est entré dans la clandestinité. Des appels téléphoniques menaçants se sont ajoutés aux critiques ouvertes du journal par Franck Bainimarama. En novembre, la rédaction aurait été menacée d'être les "premières personnes abattues" en cas de prise de pouvoir par les militaires.
Le Fiji Daily Post, très proche du parti SDL de Laisenia Qarase, a toujours défendu la légitimité constitutionnelle et populaire du chef du gouvernement.
Enfin, des journalistes étrangers présents à Suva ont été empêchés par des militaires de travailler aux abords de la résidence du Premier ministre déposé, lui-même placé en résidence surveillée.