Alors que le prix Nobel de la paix 2015 vient d’être attribué au quartet menant le “dialogue national” en Tunisie, Reporters sans frontières (RSF) rappelle que le cyberdissident Liu Xiaobo, lauréat 2010, croupit depuis bientôt sept ans dans les geôles chinoises. L’organisation exhorte la communauté internationale à faire pression sur Pékin pour que le journaliste-citoyen soit libéré.
Depuis 2008, le régime chinois maintient arbitrairement le Nobel de la paix et Prix RSF 2004,
Liu Xiaobo, derrière les barreaux de la prison de Jinzhou, dans la province du Liaoning, à l’est de Pékin. Son épouse,
Liu Xia est, pour sa part,
assignée à résidence depuis octobre 2010, et subit une pression constante de la part des autorités chinoises, et ce alors qu’elle ne fait l’objet d’aucune condamnation judiciaire.
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Les libertés fondamentales de Liu Xiaobo et de son épouse Liu Xia sont bafouées depuis près de sept ans maintenant, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
Nous appelons les quatre organisations tunisiennes, lauréates du prix Nobel de la paix 2015, à profiter de leur exposition médiatique pour interpeler les autorités de Pékin sur la détention de Liu Xiaobo, seul prix Nobel actuellement derrière les barreaux. Nous demandons également à la communauté internationale de sortir de sa léthargie. Tant qu’elle demeurera vide, la chaise du lauréat du prix Nobel de la paix 2010 continuera d’incarner la passivité des démocraties occidentales en matière de droits de l’homme et de liberté de l’information.”
Le 18 septembre 2015, 44 journalistes et écrivains ont adressé une
lettre ouverte au président Xi Jinping réclamant la libération immédiate et inconditionnelle des intellectuels actuellement détenus en Chine, parmi lesquels Liu Xiaobo et Liu Xia, la journaliste
Gao Yu et le blogueur ouïghour
Ilham Tohti. Le 2 septembre,
douze lauréats du prix Nobel de la paix ont interpellé le président américain, lui-même lauréat 2009, pour qu’il réclame la libération du couple Liu.
Face au dynamisme de la société civile, le silence des dirigeants des pays partenaires de la Chine est assourdissant. Lors de la visite aux Etats-Unis de Xi Jinping en septembre dernier, Barack Obama n’a pas évoqué publiquement la situation du dissident. François Hollande et Manuel Valls n’ont pas non plus saisi les occasions des visites de leurs homologues chinois, en
2014 et en
2015, pour soulever ce sujet qui constitue l’un des plus grands tabous du Parti communiste chinois. En 2011 déjà, de nombreux représentants de la société civile dénonçaient le “
silence assourdissant des dirigeants occidentaux” .
Arrêté le 8 décembre 2008, cet intellectuel et écrivain à l’origine de la Charte 08 - un appel en faveur de réformes pour la démocratie et les droits de l’Homme en Chine - purge actuellement une peine de onze ans pour "incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat".
Liu Xiaobo fait partie des 108 journalistes et net-citoyens toujours détenus en Chine, qui demeure la plus grande prison du monde pour les acteurs de l’information. Le pays se situe à la
176ème place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2015 établi par Reporters sans frontières.