Le lendemain de la libération de Liu Xia, la Chine condamne un célèbre journaliste-citoyen à finir ses jours en prison
Les autorités chinoises ont condamné, mercredi 11 juillet, le journaliste-citoyen Qin Yongmin, 64 ans, à 13 ans de prison pour "subversion". Reporters sans frontières (RSF) appelle la communauté internationale à se mobiliser pour que les autorités chinoises reviennent sur cette sentence indigne, la plus lourde prononcée en Chine depuis 15 ans pour ce type d’accusation.
Un jour après avoir libéré Liu Xia, la veuve du prix Nobel de la paix et prix RSF Liu Xiaobo mort l’an dernier en détention, le journaliste-citoyen chinois Qin Yongmin, 64 ans, connu pour son engagement en faveur de réformes démocratiques dans son pays, a été condamné mercredi dernier en première instance à 13 ans de prison pour "subversion" par le tribunal intermédiaire de la ville de Wuhan (centre) où il était jugé.
“Les démocraties ont à peine eu le temps de célébrer la libération de Liu Xia et déjà le pouvoir de Pékin fait un nouveau martyre qui risque de subir le même sort que Liu Xiaobo, s’indigne Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de RSF. Condamner un homme de cet âge à 13 ans de prison équivaut à une sentence de mort compte tenu des carences du système carcéral chinois et de sa politique délibérée de privation de soins.”
Qin Yongmin avait été arrêté le 30 mars 2015 sous l’accusation de “rassemblement illégal” et s’était notamment vu reprocher d’avoir utilisé "l'Internet et les médias étrangers” pour tenter de “renverser le pouvoir du Parti communiste chinois.” Cet ancien métallurgiste dirigeait le groupe pro-démocratie appelé Human Rights Watch in China (HRWIC), également connu sous le nom de "Rose Team”, qui réclamait une transition pacifique vers une démocratie constitutionnelle. Ce dissident historique, fondateur du magazine pro-démocratie The Bell dans les années 70, a déjà passé 22 ans de sa vie en prison ou en camps de travail et son épouse Zhao Suli se trouverait actuellement en résidence surveillée.
La condamnation de Qin Yongmin a été rendue publique le lendemain du départ pour l'Allemagne de Liu Xia, la veuve de Liu Xiaobo, que les autorités chinoises séquestraient chez elle, sous un régime de strict isolement, depuis que ce dernier avait obtenu le prix Nobel de la paix en 2010. Liu Xiaobo est mort il y a un an presque jour pour jour d'un cancer du foie non soigné en détention, alors qu’il purgeait une peine de 11 ans de prison.
La Chine reste l'une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes et les défenseurs de la liberté d’information, au 176e rang sur 180 dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse 2018.