Chine : RSF demande la libération de Li Yanhe, journaliste et éditeur chinois installé à Taïwan condamné à trois ans de prison

Reporters sans frontières (RSF) demande la libération immédiate de Li Yanhe, animateur de radio et éditeur de livres détenu au secret depuis deux ans et dont la condamnation à trois ans de prison a été confirmée par les autorités de Pékin le 26 mars. Connu sous le nom de “Fucha”, Li Yanhe, qui a passé la majeure partie de sa vie à Taïwan, est l'un des derniers journalistes chinois à publier des livres critiquant le régime chinois.

Le 26 mars 2025, un porte-parole du bureau des affaires taïwanaises en Chine a confirmé lors d’une conférence de presse que Li Yanhe, éditeur chinois installé à Taïwan et animateur sur la radio publique Radio Taiwan International, avait été condamné, le 17 février, à trois ans de prison et un an de privation de ses droits politiques – qui inclut la perte du droit de vote et de la liberté d’expression – par le tribunal intermédiaire n°1 de Shanghai. Il a également écopé d’une amende de 50 000 yuans (environ 6 300 euros) en biens personnels, le tout pour “incitation à la sécession”.

Plus connu sous le nom de plume Fucha, Li Yanhe est le fondateur et rédacteur en chef de Gūsa Press, une maison d’édition taïwanaise spécialisée, entre autres, dans les ouvrages sur la politique chinoise, dont beaucoup ont été interdits par Pékin. Détenu au secret depuis mars 2023, il aurait été arrêté alors qu’il se rendait à Shanghai depuis Taïwan, où il résidait depuis 2009, afin d’annuler son enregistrement de résidence en Chine, où il est né. Selon les médias taïwanais, sa famille aurait subi des pressions pour ne pas s’exprimer publiquement sur sa situation, sous la menace d’un allongement de sa peine.

“Nous sommes consternés par la condamnation de Li Yanhe, l’un des derniers éditeurs chinois osant encore publier des enquêtes critiques envers le régime. Après l’avoir détenu arbitrairement pendant deux ans sous une accusation fallacieuse de sécession, puis l’avoir condamné sans révéler les preuves retenues contre lui, Pékin affiche une fois de plus son mépris absolu pour le droit à l’information. Nous appelons la communauté internationale à intensifier la pression sur le régime afin d’obtenir la libération de Li Yanhe, ainsi que celle des 123 autres journalistes et défenseurs de la liberté de la presse actuellement détenus en Chine.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF

Outre Li Yanhe, en 2015, cinq autres éditeurs installés à Hong Kong, qui publiaient des ouvrages d’enquêtes sur les vies privées des dirigeants chinois, ont soudainement disparu avant de réapparaître comme prisonniers à la télévision publique chinoise quelques mois plus tard. L'un d'entre eux, l'éditeur suédois d'origine chinoise Gui Minhai, est toujours détenu et a été condamné en 2020 à une peine de dix ans de prison pour avoir “illégalement fourni des secrets d'État et des renseignements à l'étranger”, autrement dit, de fausses accusations d’espionnage. Malgré le combat incessant de sa fille pour sa liberté, les autorités chinoises n'ont donné aucune information sur son sort ou son lieu de détention depuis cinq ans, ce qui soulève des questions sur son bien-être.

Depuis son accession au pouvoir en 2012, le dirigeant chinois Xi Jinping poursuit une croisade contre le journalisme, comme le dénonce RSF dans son rapport Le Grand Bond en arrière du journalisme en Chine, qui rend compte des tentatives de Pékin de contrôler l’information et les médias tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières. 

Classée 172e sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024, la Chine est la plus grande prison au monde pour les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse.

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