Le lauréat du prix du Net-citoyen 2013 empêché de quitter le pays
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Le blogueur Huynh Ngoc Chenh, lauréat du prix du Net-citoyen 2013, décerné par Reporters sans frontières avec le soutien de Google, a été empêché par les autorités vietnamiennes de quitter son pays le vendredi 10 mai 2013. Il devait se rendre aux États-Unis, en compagnie de sa fille, quand il a été retenu à l’aéroport de Saïgon à la demande du ministère de la Sécurité publique.
Reporters sans frontières dénonce cette mesure comme une forme de représailles contre un blogueur influent, fervent défenseur de la liberté d’expression, qui acquiert une influence grandissante dans son pays et à l’étranger. L’attribution du prix du Net-citoyen aurait joué un rôle dans cette décision des autorités vietnamiennes. Le blog de Huynh Ngoc Chenh, très populaire au Vietnam malgré son blocage par les autorités, représente “un exemple à suivre” selon RSF, dans un pays où les autorités bafouent ouvertement la liberté de l’information.
Lors de la remise du prix du Net-citoyen, à l’occasion de la Journée mondiale contre la cybercensure, Huynh Ngoc Chenh avait déclaré : "Ce prix représente beaucoup pour moi, c’est une nouvelle source d’inspiration. C’est aussi et surtout une récompense et un espoir pour les blogueurs et les journalistes indépendants au Vietnam, tous ceux dont le droit à la liberté d’expression est entravé. Le soutien de la communauté internationale va nous donner encore plus de courage pour poursuivre notre combat pour la liberté de l’information. Il va tous nous aider à surmonter nos peurs et à nous exprimer plus librement."
Le cas de Huynh Ngoc Chenh n’est pas isolé. En 2012, les blogueurs Nguoi Buon Gio, JB Nguyen Huu Vinh ou encore Huynh Ngoc Tuan et son fils Huynh Trong Hieu, lauréat du prix Hellman-Hemmett de Human Rights Watch ont également été interdits de quitter le territoire.
"De nombreux blogueurs ont été, comme moi, interdits de quitter le pays, ce qui représente une violation des droits humains", a déclaré Nguoi Buon Gio, interrogé par Reporters sans frontières. "Habituellement, ces interdictions se basent sur des raisons vague, de sécurité nationale comme ça l’a été pour moi. (...) Ce sont des représailles de la part des autorités vietnamiennes contre les blogueurs qui ne leur plaisent pas". Avant d’ajouter que "ces interdictions ne font que conforter le sentiment que tenir un blog pour demander plus de droits est indispensable".
Avec 31 net-citoyens emprisonnés actuellement, le Vietnam est la deuxième prison du monde pour les net-citoyens. Blogueurs ou autres acteurs de l’information jugés trop critiques sont persécutés par le Parti communiste vietnamien, emprisonnés et contraints à la censure. En témoignent les violences policières survenues le 5 mai dernier ou les peines de prison records retenues contre certains blogueurs. Le 28 décembre 2012, les blogueurs Dieu Cay et Ta Phong Tan ont été condamnés en appel à douze et dix ans de prison, suivis de cinq années d’assignation à résidence.
Le Vietnam fait également partie de la liste des "Ennemis d’Internet" établie par Reporters sans frontières et se situe depuis deux ans à la 172e place sur 179 pays dans le dernier Classement mondial de la liberté de la presse.
Publié le
Updated on
20.01.2016