Le journaliste Makhmadyusuf Ismoïlov incarcéré pour avoir enquêté sur des faits de corruption

Reporters sans frontières dénonce l’incarcération abusive du journaliste Makhmadyusuf Ismoïlov par les services judiciaires de la région de Sughd (nord du Tadjikistan) depuis le 23 novembre 2010. Son arrestation avait manifestement pour but de stopper son activité journalistique. Elle a été commanditée par le bureau du procureur régional, dont les dysfonctionnements et la corruption ont été révélés par l’article de Makhmadyusuf Ismoïlov, “Suicide à Asht”, paru la veille de son arrestation dans le journal Istiklol. Depuis trois ans, en tant que correspondant pour différents titres, en particulier pour l’hebdomadaire national Nuri Zindagi, le journaliste critiquait régulièrement les dérives des autorités locales. Il est regrettable que le seul moyen trouvé par les institutions locales pour démentir ces accusations est l’incarcération de leur auteur. L’impartialité de l’enquête actuellement menée par le procureur régional, Anvar Kanoat, est sujette à caution. Makhmadyusuf Ismoïlov est inculpé pour diffamation, offense à un fonctionnaire, incitation à la haine religieuse et raciale et chantage, en vertu des articles du code pénal de la République du Tadjikistan. Selon le représentant de l’Association nationale des médias indépendants du Tadjikistan (NANSMIT), Nuriddin Karshiboyev, le journaliste est poursuivi en raison de ses publications. Le procès doit avoir lieu fin janvier. Le rédacteur en chef de Nuri Zindagi, Djumo Mirzo, a reçu une lettre officielle du procureur lui demandant de lui transmettre tous les articles de Makhmadyusuf Ismoïlov publiés par le journal. Par ailleurs, la cour régionale de Sughd a décidé, par mesure de répression, d’emprisonner l’accusé pendant toute la durée de l’enquête. Reporters sans frontières appelle à la libération du journaliste d’ici l’ouverture de son procès. L’organisation s’associe à NANSMIT pour exiger la tenue d’un procès équitable et son droit à bénéficier d’une défense indépendante. Cette arrestation intervient alors que l’accès à l’information et la situation des médias n’est toujours pas normalisée suite à la vague de répression lancée par les autorités tadjikes au mois de septembre 2010. Plusieurs sites d’informations connaissent encore des problèmes d’hébergement et certains journaux (Faraj, Païkhon) subissent toujours des pressions et des difficultés à imprimer.
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Updated on 20.01.2016