Le journaliste congolais Mike Mukebayi incarcéré depuis deux mois pour diffamation
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Poursuivi pour diffamation, le journaliste congolais Mike Mukebayi est en détention préventive depuis le 21 août 2014. L’examen de son dossier n’a pas encore débuté. Reporters sans frontières s’élève contre cette incarcération injustifiée et disproportionnée.
Cela fait deux mois jour pour jour que Mike Mukebayi, l’éditeur de Congo News, un journal paraissant à Kinshasa, a été arrêté. L’homme est poursuivi pour « imputation dommageable » (l’équivalent de la diffamation) après avoir publié, le 18 juillet, un article sur le cardinal Monsengwo intitulé « Monsengwo : honte et opprobre à un cardinal vendu au régime ». John Tshingombe Lukusa, le directeur de publication de Congo News, lui aussi visé par un mandat d’arrêt, est introuvable.
« Sans préjuger du fond de l’affaire ou du bien-fondé de la plainte en diffamation, le fait que l’éditeur d’un journal subisse deux mois de détention préventive pour un simple article est injustifié, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Des propos diffamatoires ne font pas d’un journaliste un danger pour la société. Nous demandons que Mike Mukebayi soit remis en liberté et jugé dans le respect de ses droits et de la liberté de l’information.»
Mike Mukebayi est incarcéré à la prison centrale de Makala à Kinshasa. Le journaliste – dont le délai de détention préventive, maintes fois dépassé, n’a cessé d’être renouvelé – a comparu deux fois, demandant en vain une mise en liberté provisoire. Le 16 octobre, la dernière audience a été annulée pour cause d’absence du juge. Quant aux questions de fond, elles n’ont pas encore été examinées, alors que la plainte elle-même pose problème. En effet, selon les pièces du dossier, aucune des personnes qui pourrait s'estimer lésées par l'article n'a porté plainte, la seule charge est une lettre de dénonciation signée par un dénommé Vianney que personne n'a jusqu'alors rencontré ou entendu.
En République démocratique du Congo, l’imputation dommageable entraîne des sanctions pénales. D’après l’article 28 de la loi 96-002 du 22 juin 1996 sur les médias, l’auteur, le directeur de publication et l’éditeur d’un journal sont tous trois pénalement responsables en cas d’article au contenu diffamatoire. Si Mike Mukebayi est reconnu coupable, il encourt une peine allant jusqu’à un an de prison et une amende.
La République démocratique du Congo occupe la 151e place dans le Classement 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
(photo: Mike Mukebayi)
Publié le
Updated on
20.01.2016