Le journal Andoloner Bazar visé par la mafia de la drogue, un journaliste retrouvé mort

Reporters sans frontières et le Centre pour le développement, le journalisme et la communication du Bangladesh (BCDJC) ont exprimé leur très vive préoccupation suite aux violences répétées exercées contre les responsables du quotidien Andoloner Bazar publié à Kushtia (sud-ouest du Bangladesh), par des trafiquants de drogue. "Plusieurs journalistes avaient déjà été agressés par des dealers, sans que les autorités réagissent efficacement. Un tel laxisme n'a pu qu'alimenter le sentiment d'impunité chez les auteurs de ces agressions, au point que cette dernière attaque a empêché quatre journaux d'être publiés", ont affirmé Robert Ménard et Nayyemul Islam Khan, respectivement secrétaire général de Reporters sans frontières et président du BCDJC, dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur, Altaf Hossain Chowdhury. Reporters sans frontières a demandé au ministre d'intervenir auprès des responsables de la police de Kushtia pour que la sécurité des journalistes soit assurée et qu'une enquête menée dans le milieu de la drogue permette d'identifier les responsables de ces agressions. D'après les informations recueillies par les deux organisations, Manzur Ahsan Elahi, le directeur du quotidien Andoloner Bazar, a été menacé de représailles, dans la nuit du 2 août, s'il continuait à publier son journal. L'exemplaire de la veille contenait en une un article sur la montée en puissance d'un trafiquant de drogue de Kushtia. Le directeur a alors contacté la police, qui n'a pas tenu compte de son appel urgent. Au crépuscule, des hommes armés se sont rendus au bureau du journal. Ils ont cadenassé l'entrée, avant de faire irruption dans l'entreprise Quality Printing Press, qui imprime le quotidien et trois autres journaux Bajropath, Ajker Alo et Bangladesh Barta. Le matériel d'imprimerie a été endommagé et les ouvriers menacés de mort s'ils continuaient à imprimer. Andonoler Bazar, ainsi que les trois autres quotidiens, victimes indirectes du raid, n'ont pu paraître le lendemain. Le lendemain, une équipe de la police anti-émeutes s'est déployée devant l'imprimerie et les bureaux des journaux pour assurer la protection des employés et des installations. Malgré cela, les salariés de ces publications ont affirmé redouter de nouvelles représailles. Déjà, le 28 mai, Nazmul Imam, correspondant du Dainik Manabzamin à Kushtia, avait été attaqué à coups de bâton et de couteau par des délinquants. Ils lui avaient notamment coupé le pouce droit. Le journaliste avait affirmé à Reporters sans frontières avoir été attaqué pour ses articles sur le trafic de drogue. Les deux organisations sont également intervenues auprès du ministre pour demander que la lumière soit faite sur les circonstances de la mort de Syed Farroque Ahmed, responsable de la publication locale Pubali Barta, à Srimangal (sud-est du pays). Le corps mutilé du journaliste a été retrouvé le 3 août par la police. Syed Farroque Ahmed, âgé de 50 ans, avait disparu depuis plus de deux mois. La police n'a pour l'instant aucune piste. Les proches du journaliste rappellent qu'il dirigeait cette publication régulière et qu'on ne lui connaissait pas d'ennemi. Reporters sans frontières et le BCDJC ne disposent d'aucune information pour affirmer que Syed Farroque Ahmed a été tué pour ses activités journalistiques.
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Updated on 20.01.2016