Le Honduras veut interdire au journaliste Julio Ernesto Alvarado d’exercer sa profession
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Le 4 décembre, les autorités honduriennes ont décidé de notifier le journaliste de Globo TV Julio Ernesto Alvarado de l’interdiction d’exercer son métier. Cette décision s’inscrit en porte à faux avec celle de la Commission interaméricaine des droits de l’homme d’accorder des mesures conservatoires au journaliste. Elle intervient au moment même de la visite dans le pays de la Commission interaméricaine des droits de l’homme et du Rapporteur spécial sur la liberté d’expression. Reporters sans frontières dénonce un affront pour la liberté de l’information dans le pays.
Le 4 décembre, le juge hondurien d’exécution des peines a décidé de notifier le journaliste Julio Ernesto Alvarado de l’interdiction d’exercer son métier mais n’a pas pu le joindre. Le journaliste est accusé de diffamation par l’ancienne doyenne de la Faculté nationale de sciences économiques du Honduras, pour avoir diffusé dans son programme "Mi Nacion" des informations concernant les charges portées à son encontre par la Cour Suprême de Justice. La justice hondurienne lui a interdit d’exercer son métier de journaliste pendant 16 mois.
Le 5 novembre dernier, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a octroyé des mesures conservatoires à Julio Ernesto Alvarado. Elle a ainsi estimé que le journaliste se trouvait dans une situation “grave et urgente” qui pouvait lui infliger des “dommages irréparables” et enjoint le Honduras de suspendre l’exécution de la sentence du 9 décembre 2013 de la Cour Suprême de Justice. La Commission a également exhorté les autorités honduriennes à ne pas empêcher le journaliste d’exercer sa profession jusqu’à ce qu’elle se prononce sur le fond de l’affaire.
“Reporters sans frontières condamne fermement les vélléités du Honduras de ne pas appliquer les mesures conservatoires de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, déclare Claire San Filippo, responsable. Essayer de notifier Julio Ernesto Alvarado de son interdiction d’exercer son métier de journaliste au mépris de la décision de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, au moment même de sa visite dans le pays constitue un grave affront à l’encontre de ses obligations internationales. Cette décision est malheureusement symptomatique d’un Etat toujours plus enclin à museler les médias critiques. Il est impératif que les autorités honduriennes reviennent sur leur décision et appliquent les mesures conservatoires.”
Un climat de contrôle de l’information et de répression prévaut dans le pays. Les médias communautaires et d’opposition sont particulièrement visés comme en témoigne l’acharnement procédurier subi par des médias d’opposition tels que Radio Uno, Radio Globo ou Canal 36 ou les radios communautaires Radio Coco Dulce ou La Voz de Zacate Grande.
Le Honduras reste l’un des pays les plus dangereux du continent pour les journalistes depuis le coup d’État du 28 juin 2009. Menaces, agressions, assassinats de journalistes se multiplient dans un climat d’impunité quasi total. D’après la Commission nationale des droits de l’homme (Conadeh), 91% des 47 assassinats de journalistes recensés par l’organisation depuis 2003 restent impunis au Honduras.
Le Honduras est 129ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016