Le directeur de Radio Isanganiro incarcéré, trois journalistes sont désormais en détention préventive à la prison de Mpimba

Reporters sans frontières proteste fermement contre l'inculpation et l'incarcération, le 29 novembre 2006, de Mathias Manirakiza, directeur de la radio privée Isanganiro, entendu par le procureur pour "diffusion d'informations de nature à perturber l'ordre et la sécurité publics" et transféré trois heures plus tard à la prison centrale de Mpimba. "Cette dangereuse logique de punitions des radios n'est que la mise en application des menaces proférées depuis plusieurs mois à l'encontre des médias indociles. Cette vague d'incarcérations continuera si rien n'est fait pour rappeler le gouvernement burundais à la raison. Le président Pierre Nkurunziza ne peut pas éternellement se réfugier derrière l'action de la justice. Les autorités sont responsables de la situation dans la mesure où ce sont elles qui portent plainte", a déclaré Reporters sans frontières. Le journaliste est poursuivi pour la diffusion, en août 2006, d'une information selon laquelle l'armée aurait préparé l'attaque du palais présidentiel et du domicile du chef du parti présidentiel. Cette attaque aurait eu pour objectif de servir de preuve d'une présumée tentative de coup d'Etat, dont la réalité a été contestée par une partie des médias privés. Selon l'avocat de Mathias Manirakiza, Me Raphaël Gahungu, joint par Reporters sans frontières à Bujumbura, la plainte aurait été déposée par un haut responsable de la police. Par ailleurs, la procédure judiciaire menée à l'encontre du journaliste est irrégulière, le chef d'accusation énoncé dans l'article 10 de la loi sur la presse n'étant assorti d'aucune peine, selon la même source. Or, seule une infraction sanctionnée par une peine d'emprisonnement supérieure à un an justifie la mise en détention préventive, pour une durée pouvant aller jusqu'à quinze jours. ------------ 22.11.2006 - Deux journalistes de Radio publique africaine inculpés et incarcérés à la prison centrale de Bujumbura Reporters sans frontières condamne l'incarcération, le 22 novembre 2006, de Serge Nibizi, rédacteur en chef de la station privée Radio publique africaine (RPA), et de Domitile Kiramvu, journaliste de la même radio. "Le président Pierre Nkurunziza, qui clame son attachement aux valeurs de la démocratie, doit comprendre que jeter deux journalistes en cellule, pour des motifs purement politiques et avant même qu'ils aient été jugés, est contraire à tous les standards démocratiques. Les bailleurs de fonds du Burundi doivent faire pression sur la présidence pour que, d'une part, les deux journalistes de RPA soient remis en liberté, et que, d'autre part, la loi burundaise soit réformée. On ne peut tolérer que, à la moindre plainte, les professionnels de l'information soient traités comme des criminels", a déclaré Reporters sans frontières. Le 21 novembre en fin de journée, Serge Nibizi, Domitile Kiramvu et André-Palice Ndimurukundo, journaliste de RPA, ont reçu une convocation du procureur de Bujumbura, les invitant à se présenter ce jour-là à 14 heures. Ils se sont rendus au palais de justice, le lendemain dans la matinée. Serge Nibizi et Domitile Kiramzu ont été inculpés de "diffusion d'informations portant atteinte à sécurité de l'Etat" et de "violation du secret de l'instruction". Ils ont été transférés à la prison centrale de Mpimba. André-Palice Ndimurukundo a été relâché. En août 2006, sur l'antenne de RPA, Domitile Kiramvu avait commenté et critiqué des articles du bimensuel Intumwa (Le Messager), organe du parti présidentiel CNDD-FDD, présentant des preuves à l'encontre de présumés putchistes, alors que le dossier n'avait pas encore été transmis à la justice. Au cours d'une conférence de presse tenue lors de son passage à Paris, le 9 novembre, le président Pierre Nkurunziza avait été interrogé par un membre de Reporters sans frontières sur le climat d'hostilité entre son parti et les médias privés burundais. En réaffirmant son attachement à la liberté de la presse, le chef de l'Etat avait alors fait valoir que "s'il existe un pays dans lequel les relations sont pacifiques entre le gouvernement et la presse, c'est le Burundi".
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Updated on 20.01.2016