Reporters sans frontières condamne fermement l'arrestation et l'expulsion d'Evan Hannah, ressortissant australien et directeur de publication du quotidien Fiji Times, le 1er mai 2008, par le gouvernement intérimaire fidjien. "La répression à l'encontre des personnes critiques tend à devenir la norme aux Fidji. Il y a deux mois seulement, c'était le directeur du Fiji Sun, Russell Hunter, qui avait été expulsé", a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières condamne fermement l'arrestation et l'expulsion d'Evan Hannah, ressortissant australien et directeur de publication du quotidien Fiji Times, le 1er mai 2008, par le gouvernement intérimaire fidjien.
"L'arrestation et l'expulsion d'Evan Hannah sont inacceptables et constituent une violation de tous les engagements du gouvernement militaire en matière de respect des droits individuels et de liberté de la presse. La répression à l'encontre des personnes critiques tend à devenir la norme aux Fidji. Il y a deux mois seulement, c'était le directeur du Fiji Sun, Russell Hunter, qui avait été expulsé", a déclaré Reporters sans frontières.
"Les autorités doivent cesser cette attitude schizophrénique, qui consiste à reconnaître le caractère constitutionnel de la liberté de la presse tout en harcelant les journalistes. Alors qu'il est si prompt à rappeler les "responsabilités" qui incombent aux médias, le Premier ministre, le contre-amiral Franck Bainimarama, se doit aussi de garantir l'indépendance des médias et le respect de l'Etat de droit", a ajouté l'organisation.
Le directeur du Fiji Times, Evan Hannah, a été arrêté par des policiers et des agents des services de l'immigration, dans la soirée du 1er mai 2008, devant les yeux de sa femme et de son fils âgé d'un an, à son domicile de Suva. Le journaliste australien a ensuite été conduit à l'aéroport international de Nadi pour être placé à bord d'un vol de la Korean Airlines à destination de la Corée du Sud, en violation d'une décision de justice interdisant son expulsion. La rédaction du Fiji Times, le principal titre du pays, avait en effet obtenu, tard dans la soirée, un ordre de la Haute Cour de justice des Fidji convoquant Evan Hannah dans l'après-midi du 2 mai, pour que lui soient exposées les raisons de son interpellation. La compagnie aérienne Air Pacific avait ainsi refusé de laisser le journaliste monter à bord d'un vol pour l'Australie, en raison de cette décision de justice.
Le ministre de la Défense, de la Sécurité nationale et de l'Immigration, Ratu Epeli Galinau, a invoqué "des preuves et des informations crédibles" démontrant que "les actions d'Evan Hannah portaient atteinte à la sécurité nationale". "Monsieur Hannah a été auparavant mis en garde contre les implications de ces actions. Il a toutefois choisi de les ignorer", a-t-il ajouté.
Quarante-huit heures avant la Journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai, le contre-amiral Franck Bainimarama a reconnu que cette libérté "était garantie par la Consitution des Fidji". Le chef du gouvernement a néanmoins rappelé les journalistes à leurs "responsabilités", en dénonçant les écarts de certains médias et la "menace" qu'ils constituent pour la sécurité nationale. Médias et gouvernants sont appelés à travailler main dans la main, pour "un meilleur Fidji".
Evan Hannah est le deuxième journaliste étranger expulsé des Fidji en 2008 : le directeur australien du Fiji Sun, Russell Hunter, avait été renvoyé manu militari vers l'Australie et interdit de séjour aux Fidji, le 26 février dernier.
Reporters sans frontières exprime son soutien à la rédaction du Fiji Times, propriété de Rupert Murdoch, qui titrait, au lendemain de l'expulsion de son directeur de publication, "Nous ne nous tairons pas".