Le Département de la propagande impose des règles pour couvrir l'Expo Shanghai et le tremblement de terre

Le Département de la propagande et le Bureau de l'information du gouvernement ont imposé des règles strictes dans la couverture de l'Exposition universelle qui va s'ouvrir à Shanghai et du tremblement de terre du Qinghai. Dans une directive du 23 avril 2010 dont Reporters sans frontières a eu connaissance, le Département de la propagande a demandé aux médias chinois d'attendre après la fin de la cérémonie d'ouverture pour publier des articles sur les meilleurs pavillons de l'Expo. Il est conseillé aux médias d'utiliser les informations de l'agence officielle Xinhua sur le contenu des pavillons. Reporters sans frontières a été informée que dans une autre directive datée du 25 avril, le Département de la propagande a demandé aux médias de réduire la couverture des conséquences du tremblement de terre dans la province tibétaine du Qinghai. Il a été conseillé aux médias de multiplier leurs articles sur l'Expo Shanghai. "L'attitude paternaliste et conservatrice du Département de la propagande est consternante. Nous demandons la levée de la censure sur les conséquences du tremblement de terre au Qinghai et la libération de l'écrivain tibétain qui y a été arrêté pour ses commentaires", a affirmé l'organisation. C'est pour dénoncer cette censure et cette répression que Reporters sans frontières a lancé le Jardin des Libertés sur son site : http://fr.rsf.org/shanghai.html Selon les informations de Reporters sans frontières, le Département de la propagande a précisé les règles pour la couverture du tremblement de terre : parler du séisme en "termes scientifiques" ; ne pas critiquer l'administration en charge de la prévision des tremblements de terre ; ne pas trop se concentrer sur les efforts des moins bouddhistes pour aider les victimes ; couvrir largement les appels aux dons organisés par la chaîne officielle CCTV. Par ailleurs, les autorités chinoises empêchent les reporters du quotidien Apple Daily de Hong Kong de se rendre à Shanghai pour couvrir l'Expo. Déjà, en 2008, les autorités avaient refusé d'accorder des autorisations à ce média pour les JO de Pékin, avant de changer de décision. De son côté, le Bureau de l'information du gouvernement, notamment chargé du contrôle de l'Internet, a rappelé aux sites d'informations qu'ils ne devaient pas produire leurs propres reportages. A propos du tremblement de terre, le gouvernement a ordonné aux responsables des sites d'être vigilants pour que n'apparaisse aucune information liée au dalaï-lama (originaire de cette région) et les campagnes de solidarité organisées par les Tibétains. Le gouvernement a également précisé aux principaux sites de couvrir de manière limitée les changements intervenus à la tête de la province du Xinjiang (Nord-Ouest), et d'empêcher les commentaires sur tous les sujets liés au conflit en cours dans la région ouighoure. Ces instructions interviennent au moment même de l'arrestation d'un écrivain tibétain, M. Tagyal, connu sous son nom de plume, Shogdung, pour avoir publié une lettre ouverte relative au tremblement de terre. Le 23 avril, des policiers du commissariat de Xining (province du Qinghai, Ouest) ont perquisitionné les bureaux de la maison d'édition Qinghai Nationalities où ils ont arrêté l'écrivain. Dans la soirée, des policiers ont saisi ses ordinateurs à son domicile. Son épouse a déclaré que la police était revenue pour livrer un ordre d'arrestation. Le 17 avril, un groupe d'intellectuels tibétains ont publié une lettre de condoléances aux familles des victimes, critiquant certains aspects de la gestion des secours par les autorités chinoises. M. Tagyal avait été empêché par les autorités de se rendre sur les lieux du tremblement de terre. Par ailleurs, les autorités ont brouillé un programme spécial de condoléances produit par la radio indépendante Voice of Tibet, installée à l'étranger. Enfin, la responsable des pages "opinion" du quotidien Nanfang Dushi Bao (Métropole du Sud) a été suspendue de son poste le 17 avril après la publication, six jours plus tôt, d'un commentaire intitulé : "Aimer son pays ne veut pas dire aimer son gouvernement." La journaliste Zhu Di a été sanctionnée sur instruction du gouverneur de la province du Guangdong (Sud).
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Updated on 20.01.2016