Le corps d’un journaliste disparu depuis trois mois retrouvé criblé de balles
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Reporters sans frontières est indignée par l’assassinat de Javed Naseer Rind, ancien secrétaire de rédaction du Daily Tawar, quotidien proche des groupes nationalistes et indépendantistes baloutches. Son corps sans vie a été retrouvé le 5 novembre 2011, dans le district de Khuzdar, près de trois mois après sa disparition.
"Nous demandons aux autorités locales et fédérales de faire toute la lumière sur ce crime sans écarter la piste journalistique et de traduire ses auteurs en justice. Le degré de violence permanente qui caractérise la région et l’impunité dont bénéficient les criminels, notamment ceux qui s’en prennent à la presse, menacent de transformer le Baloutchistan en zone de non droit", a déclaré l'organisation.
"Nous tenons à réaffirmer notre soutien aux professionnels des médias baloutches. Nous encourageons l’ensemble de la profession à se mobiliser pour les journalistes de cette région. Nous appelons également les mouvements nationalistes, qui menacent et agressent régulièrement les médias, à cesser immédiatement de les prendre pour cibles", a ajouté Reporters sans frontières.
Le 5 novembre au matin, la police du district de Khuzdar, à 300 km au sud de Quetta (Sud-Ouest), a retrouvé, près de Ghazgi Chowk, le corps de Javed Naseer Rind, criblé de balles et portant de multiples traces de torture, ainsi qu’un message identifiant le journaliste. Il avait été kidnappé le 10 septembre dernier aux abords de sa maison, située prés de Karachi. Membre du Mouvement national baloutche (BNM), Javed Naseer Rind avait abandonné ses activités de journaliste trois mois plus tôt. Début novembre, les corps de sept autres activistes baloutches ont également été retrouvés, dans cette région qui fut, en 2010, la plus meurtrière du pays.
La municipalité de Khuzdar continue d'essuyer les affrontements entre forces de sécurité et groupes armés baloutches. En 2010, les reporters Ejaz Raisini, Faiz Muhammad Sasoli et Abdul Hameed Hayatan ont été tués dans le district, respectivement le 27 juin, le 3 septembre et le 18 novembre. Le 14 décembre 2010, Muhammad Khan Sasoli, correspondant de la chaîne Royal TV et de l’agence de presse INP, avait été abattu de plusieurs balles dans la tête et la poitrine. Le 14 août 2011, Munir Ahmed Shakir, reporter de l’agence de presse Online, a été tué par balles par plusieurs hommes non identifiés, peu après avoir couvert une manifestation des nationalistes baloutches. L’organisation Baloch Armed Defence Army a publiquement menacé les journalistes qui couvriraient les activités politiques et les rassemblements des groupes nationalistes baloutches comme le leur.
Le Pakistan est le pays le plus meurtrier pour les professionnels des médias. En 2011, huit journalistes on été tués dans le cadre de leur travail. Le pays est classé 151ème sur 178 pays, dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2010.
Publié le
Updated on
20.01.2016