Le Conseil d'Etat a rejeté la requête de Reporters sans frontières, jugeant que la décoration du président russe ne portait pas atteinte par elle-même à la liberté de la presse. L'organisation se déclare “profondément déçue”.
Le 5 mars 2007, Reporters sans frontières a appris que le Conseil d'État avait rejeté sa requête demandant de retirer au président russe, Vladimir Poutine, les insignes de Grand-Croix de la Légion d‘honneur, qui lui avaient été remis le 22 septembre 2006 par le président Jacques Chirac.
« Nous ne sommes pas surpris par cette décision, à laquelle nous nous attendions. En revanche, nous sommes profondément déçus par la manière dont elle a été prise. En effet, la plus haute juridiction administrative de la France a considéré que Reporters sans frontières n'était pas concernée par la décoration de Vladimir Poutine qui, selon le Conseil d'Etat, ne porte pas atteinte par elle-même à la liberté de la presse. Nous ne contestons pas cet argument en termes juridiques, mais nous ne pouvons que regretter le fait que le droit ne nous permette pas de critiquer la remise d'une distinction à une personne qui porte une responsabilité dans plusieurs violations graves de la liberté de la presse. Le choix d'élever Vladimir Poutine au rang le plus important de la Légion d'honneur demeure une décision indigne de la France”, a déclaré l'organisation de défense de la liberté de la presse.
Le 20 octobre 2006, Reporters sans frontières avait saisi le Conseil d'État et le président de la République, en sa qualité de Grand Maître de l'ordre de la Légion d'honneur, pour demander que Vladimir Poutine soit démis de son titre de Grand-Croix. Les ressortissants étangers peuvent en effet se voir élevés dans l'ordre de la Légion d‘honneur pour les “services rendus à la France ou aux causes qu'elle défend” (article R 128 du Code de la Légion d‘honneur).
Dans son communiqué du 20 octobre, l'organisation déclarait : “Nous ne reconnaissons pas les valeurs fondamentales de la France dans les propos de Vladimir Poutine, quand celui-ci déclare vouloir buter les terroristes tchétchènes jusque dans les chiottes, ni quand il qualifie les médias indépendants de moyens de désinformation de masse et d'outil de lutte contre l'Etat. Encore moins quand il propose à un journaliste français l'interrogeant sur la Tchétchénie une circoncision à Moscou de façon à ce que rien ne repousse”.
Depuis l'arrivée au pouvoir du président russe, en mars 2000, vingt et un journalistes ont été assassinés en Russie, dont Anna Politkovskaïa, dans un climat d'impunité quasi absolu. La Tchétchénie demeure par ailleurs, un véritable trou noir de l'information.