Le Collège des journalistes dénonce à la justice 43 journalistes "illégaux"
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Reporters sans frontières réprouve la démarche du Collège des journalistes du Honduras (CPH) qui, le 12 mai 2006, a livré à la justice les noms de 43 journalistes exerçant le métier sans affiliation à un organisme professionnel. Le CPH les soupçonne de se prévaloir de la qualité de journaliste pour obtenir des contrats publicitaires et assurer leur promotion personnelle.
“Le Collège des journalistes confond deux problèmes. Que des journalistes tirent avantage de leur profession à des fins douteuses s'est déjà vérifié et mérite effectivement d'être condamné. Mais en quoi l'affiliation à une structure corporative serait-elle une garantie contre ce genre de comportements ? Et, à l'inverse, en quoi le fait de ne pas appartenir à un groupement professionnel empêche-t-il de faire honnêtement son métier de journaliste ? Outre une délation de confrères, nous récusons une définition corporatiste du journalisme, contraire à la liberté d'expression et d'information“, a déclaré Reporters sans frontières.
Selon son président, Juan Ramón Mairena, l'exercice illégal du journalisme - “alimenté en grande partie par les bénéfices qu'obtiennent les journalistes usurpateurs de contrats publicitaires, pour certains passés avec l'Etat” - a pris des proportions “croissantes et alarmantes”. Le 11 mai, le président du CPH a requis devant le Tribunal des comptes que “pour tout contrat publicitaire en faveur d'un espace informatif ou d'opinion, le titre d'affiliation professionnelle et le certificat de solvabilité délivré par la trésorerie du CPH soient préalablement produits”. Le 12 mai, Juan Ramón Mairena a remis au procureur Jari Dixon, du parquet de l'Etat, les noms de 43 “usurpateurs” présumés. La liste inclut des étudiants en journalisme, issus d'universités publiques ou privées, des policiers en fonction et même un militaire à la retraite, selon le Comité pour la libre expression (C-Libre).
La requête du CPH se heurte à la convention de l'Organisation des Etats américains (OEA) sur la liberté d'expression, selon laquelle l'affiliation professionnelle doit rester facultative. Un principe réitéré dans la Déclaration de Chapultepec de la Société interaméricaine de presse du 11 mars 1994.
La presse compte actuellement trois structures corporatives : l'Association de la presse hondurienne (APH), le Collège des journalistes du Honduras (CPH), toutes deux majoritaires, et le Syndicat des travailleurs de l'industrie de la presse et assimilés (Sitinpres). Un certain nombre de journalistes indépendants, universitaires et communautaires refusent de s'affilier.
Publié le
Updated on
20.01.2016