Le cameraman Sami Al-Haj victime de représailles après avoir entamé une grève de la faim à Guantanamo
Reporters sans frontières condamne les punitions infligées par les autorités militaires du camp de Guantanamo au cameraman soudanais d'Al-Jazira, Sami Al-Haj, détenu sur place depuis près de cinq ans, en représailles à une grève de la faim qu'il a entamée le 7 janvier dernier.
l'application aux détenus de Guantanamo des conventions de Genève sur les prisonniers ;
la fin du régime d'isolement total pour certains prisonniers ;
une enquête complète, impartiale et rendue public sur les circonstances des décès de trois prisonniers, le 10 juin 2006 ;
sa libération ou, à défaut, sa comparution devant un tribunal civil américain. L'administration du camp n'a jamais répondu aux requêtes du prisonnier. Les militaires ont, en revanche, procédé à des confiscations - matelas, tapis de prière, bouteilles d'eau, nécessaire de toilette, lunettes, prothèse du genou, correspondance, stylo - “proportionnelles” au nombre de repas refusés, comme l'a confié Sami Al-Haj à son avocat, Clive Stafford-Smith, récemment en visite à Guantanamo. Le journaliste, amaigri d'une dizaine de kilos, a été transféré à l'hôpital à plusieurs reprises, du 25 au 30 janvier, en faisant valoir qu'il était “prêt à mourir”. Il a été nourri de force, via un tube relié à son estomac, avant d'être renvoyé en cellule, selon son avocat. Considérés comme des “combattants ennemis”, les prisonniers de Guantanamo ne peuvent saisir la justice civile avant d'avoir été jugés par des tribunaux militaires, en vertu d'une loi votée au Congrès le 17 octobre dernier, qui autorise également le recours à la torture. En février dernier, les avocats de deux prisonniers, jugeant ces dispositions anticonstitutionnelles, ont saisi la Cour suprême. Celle-ci avait pourtant établi par deux fois que la Constitution s'appliquait aux détenus de Guantanamo. Le gouvernement américain affirme que la Constitution ne s'applique pas à un individu hors du territoire américain. L'enclave de Guantanamo est pourtant, de fait, une partie du territoire des États-Unis.