Le blogueur vietnamien Nguyen Van Hoa condamné à sept ans de prison

A l’issue d’un procès éclair, les autorités vietnamiennes ont condamné un journaliste citoyen de 22 ans à sept années de prison. En réponse, RSF poursuit l’opération #StopTheCrackdownVN pour interpeller opinions publiques et communauté internationale sur ce qu’il se passe au Vietnam.

Son nom vient s’ajouter à une funeste liste qui ne cesse de s’allonger. Nguyen Van Hoa a été condamné ce matin à une peine de sept ans de prison suivis de trois ans d’assignation à résidence. A l’issue d’un procès qui n’a duré que deux heures et demi, le blogueur de 22 ans a été jugé coupable par le tribunal de Ha Tinh, au centre du pays de “diffusion de propagande contre l'Etat”, en vertu de l’article 88 du code pénal vietnamien.


“Nous condamnons fermement cette peine totalement disproportionnée, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Elle est d’autant plus sévère que Hoa a fait montre de sa bonne foi en acceptant toutes les recommandations de la police : ne pas prendre d'avocat, signer des aveux de culpabilité, qui ont été diffusés à la télévision d'Etat en avril 2017… Or, même sa famille n’a pas été avertie de la tenue de ce procès. Par cette violence, le Vietnam confirme son intransigeance face à toute liberté d’informer, et il convient à ses partenaires commerciaux d’en tirer les conséquences.”


Bao Ha Tinh, le journal régional en ligne contrôlé par l'Etat, précise dans sa phraséologie unique qu’il est reproché au jeune homme d’avoir “diffusé sur sa page Facebook une propagande réactionnaire contre le parti et la politique de l'Etat à travers des articles, vidéos et images aux contenus négatifs”.


Au coeur des dénonciations du journaliste citoyen arrêté début 2017 : le scandale de pollution de l’usine taïwanaise Formosa, qui avait entraîné la contamination de tonnes de poissons et mis des centaines de milliers de pêcheurs sur la paille. Des manifestations en chaîne avaient alors éclaté, et Nguyen Van Hoa s’était contenté de les documenter, notamment à l’aide d’un drone.


Pour les mêmes raisons, la blogueuse Nguyen Ngoc Nhu Quynh, plus connue sous son pseudonyme “Me Nam” (Mère Champignon), avait été condamnée en juin dernier à 10 ans de prison. Alors que son audience en appel doit se tenir le 30 novembre, son avocat, Vo An Don, a été radié du barreau à peine quatre jours avant, histoire de l’empêcher de parler de ce cas au public. La mère de la journaliste citoyenne affirme ne pas fonder beaucoup d’espoirs dans l’issue de ce nouveau procès.


Dans le cadre de la campagne #StopTheCrackdownVN, lancée par RSF et plusieurs organisations, une délégation s’est rendue à Bruxelles les 22 et 23 novembre pour interpeller plusieurs députés européens sur le sort des blogueurs vietnamiens, et envisager les modalités d’adoption d’une résolution d’urgence sur le Vietnam par le Parlement européen (voir document attaché).


En bas de la liste, le Vietnam occupe la 175e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2017.

Publié le
Updated on 27.11.2017