L'Association des journalistes éthiopiens pour la liberté de la presse (EFJA) retrouve ses droits

L'EFJA a gagné son procès contre le ministère de la Justice éthiopien. La seule association des journalistes indépendants du pays, interdite depuis novembre 2003, est désormais réhabilitée.

La Haute Cour fédérale d'Ethiopie a statué, le 24 décembre, sur le différend entre l'EFJA et le ministère de la Justice et réhabilité l'association interdite depuis novembre 2003. « Nous nous réjouissons de cette victoire de l'EFJA qui représente un pas en avant pour la liberté de la presse en Ethiopie », a déclaré Reporters sans frontières. « La vigilance reste cependant de mise, puisque la situation des médias dans le pays demeure très précaire : les journalistes redoutent l'adoption prochaine d'une loi qui permettrait à l'Etat de les jeter en prison "pour avoir commis des erreurs dans leurs articles" et la presse étrangère est étroitement surveillée. De plus, les Ethiopiens n'ont toujours pas accès à des télévisions et des radios indépendantes », a rappelé l'organisation. La Haute Cour a jugé « illégale » l'interdiction de l'association et dissous une organisation créée par le ministère pour la remplacer. Le système d'élection des dirigeants de l'EFJA imposé par le ministère a été déclaré nul. La direction ne sera assurée que par des membres de l'association. Enfin, le ministère devra couvrir les frais engagés par l'EFJA durant le litige. ___________________________________________ 13.11.2003 Suspension de la seule association de journalistes indépendants du pays L'association des journalistes éthiopiens pour la liberté de la presse (EFJA) a été suspendue, le 10 novembre 2003, par le ministère de la Justice. Les autorités lui reprochent d'exercer depuis trois ans sans avoir renouvelé sa licence annuelle. Reporters sans frontières est indignée par cette sanction qui a pour but d'intimider les journalistes indépendants, très critiques envers le nouveau projet de loi sur la presse présenté par le gouvernement. « Getachew Gonfa, en charge des licences des médias au ministère de la Justice, a affirmé que la sanction n'était pas une mesure politique. Comment se fait-il alors que la suspension intervienne au moment où l'EFJA dénonce la nouvelle loi sur la presse, ouvertement liberticide, qui devrait entrer en vigueur d'ici à la fin de l'année 2003 ? », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'association représente les intérêts de la presse indépendante en Ethiopie, où il n'existe aucune télévision ni aucune radio privées. Nous demandons fermement au Premier ministre, Meles Zenawi, de lever cette mesure de suspension, de cesser de harceler la presse indépendante, et de respecter le droit à une information pluraliste », a ajouté Robert Ménard. L'EFJA avait largement critiqué ce projet de loi. « Nous combattons cette loi draconienne et le gouvernement n'apprécie pas », a déclaré Kifle Mulat, président de l'EFJA. La loi mise en cause prévoit des peines de prison pour les journalistes qui commettraient des erreurs dans leurs articles, accorde un droit de veto au gouvernement sur toutes les publications étrangères avant leur diffusion dans le pays, et donne aux autorités un délai de 30 jours pour répondre aux questions des journalistes. La loi éthiopienne impose aux associations de renouveler tous les ans leur licence et de communiquer un audit de leur budget annuel aux autorités, ce que l'EFJA n'a pas fait depuis trois ans. Le ministère a annoncé la suspension par courrier le 10 novembre. Selon Getachew Gonfa, la sanction restera effective tant que l'organisation ne se sera pas pliée à ces deux règles. Kifle Mufat a annoncé que l'audit était en cours.
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Updated on 20.01.2016