L'ancien bras droit du vice-président Dick Cheney autorisé à utiliser les notes d'un journaliste pour se défendre en justice
Reporters sans frontières se félicite de la libération de Judith Miller (photo), le 29 septembre, après 12 semaines de détention pour avoir refusé de révéler le nom d'une source d'information. Déliée par celle-ci de la promesse de confidentialité, la journaliste est aujourd'hui tenue de trahir le secret professionnel en contrepartie de sa remise en liberté. L'organisation regrette qu'un principe maître du métier de journaliste soit ainsi bafoué.
Reporters sans frontières se réjouit de la libération, le 29 septembre 2005, de Judith Miller, du New York Times, emprisonnée depuis le 6 juillet pour avoir refusé de révéler une source d'information. L'organisation déplore néanmoins qu'en contrepartie de sa remise en liberté, la journaliste ait été contrainte de violer le principe du secret professionnel. « La libération de Judith Miller est évidemment une heureuse nouvelle en soi. Cependant, elle ne recouvre la liberté qu'en échange du nom de sa source. Bien qu'ayant l'accord de celle-ci, le principe de la confidentialité des sources, l'un des socles du métier de journaliste, aura donc été bafoué. Le combat doit continuer pour que ce principe soit reconnu par la justice fédérale américaine. Nous attendons que le Congrès, où deux propositions de loi ont été déposées en ce sens, s'empare au plus vite de la question », a déclaré Reporters sans frontières. Judith Miller est sortie dans l'après-midi du 29 septembre de la prison fédérale d'Alexandria (Etat de Virginie, Est) où elle était détenue depuis près de douze semaines. La journaliste a été libérée en vertu d'un accord avec le procureur fédéral Patrick Fitzgerald, qui la poursuivait pour « outrage à la cour » en raison de son refus de révéler le nom de son informateur dans l'affaire Valerie Plame, ancienne agente de la CIA dont l'identité avait « fuité » dans la presse en 2003. Le silence de Judith Miller quant à l'origine de ses informations sur cette affaire lui a valu d'être condamnée deux fois par une cour d'appel fédérale en même temps qu'un de ses collègues, Matthew Cooper, du Time. Après le refus de la Cour suprême, le 27 juin, de statuer sur leur cas, Matthew Cooper avait échappé à la prison en acceptant de révéler sa source quand Judith Miller avait persisté dans son refus. Selon le New York Times, l'informateur de Judith Miller dans l'affaire Plame serait Lewis Libby, proche collaborateur du vice-président Dick Cheney. La journaliste devait le confirmer le 30 septembre devant le grand jury de la cour d'appel fédérale qui l'avait précédemment condamnée. La résolution du débat sur le secret des sources appartient maintenant au législateur. Deux propositions de loi en ce sens déposées en février au Congrès attendent toujours d'être débattues. Leur vote signerait la fin d'une carence juridique qui veut que le privilège du secret des sources ne soit pas reconnu aux journalistes au niveau fédéral, alors qu'il l'est en théorie dans 31 Etats de l'Union dotés de « lois boucliers » (« shield laws).