La vague d’arrestations pour “abus des libertés démocratiques” se poursuit

Le ministère de la Sécurité publique a arrêté le 29 novembre le blogueur Hong Le Tho, pour avoir posté un “mauvais contenu et des informations incorrectes qui réduisent la confiance envers les services d'Etat".

Le 29 novembre dernier à Ho Chi Minh, le blogueur vietnamien d’origine japonaise, Hong Le Tho, a été arrêté pour avoir posté sur son blog ‘Nguoi Lot Gach’ (littéralement, paveur de briques) une publication qui porterait atteinte à l’image du parti unique vietnamien. A 65 ans, le blogueur risque jusqu’à trois ans d’emprisonnement, conformément à l’article 258 du code pénal relatif à “l’abus des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l'Etat, aux droits et intérêts légitimes des organisations et/ou citoyens”. Son blog, qui traite majoritairement de questions politiques, a été fermé peu après son arrestation (voir version cache). Son ordinateur portable, sa clef USB et son téléphone portable, ont également été saisis. “C’est une véritable campagne de répression à laquelle le gouvernement vietnamien s’adonne depuis maintenant quelques années, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique à Reporters sans frontières. Nous exhortons les autorités à cesser le musellement des voix dissidentes et à abroger l’article 258 du code pénal sous lequel aucun défenseur de la liberté de l’information n’aurait dû tomber.” Les blogueurs, tels que Nguyen Huu Vinh (également connu sous le nom de Anh Ba Sam) sa collègue Nguyen Thi Minh Thuy, et le net-citoyen Dinh Nhat Uy, restent la première cible du gouvernement vietnamien qui n’hésite pas à utiliser l’article 258 du code pénal pour justifier arrestations et emprisonnements de dissidents du parti unique communiste. Pham Viet Dao a également été condamné à 15 mois de prison, Truong Duy Nhat à deux ans de prison. Quant au net-citoyen Dinh Nhat Uy, il a été condamné le 29 octobre 2013 à 15 mois de prison avec sursis. En réaction, des blogueurs vietnamiens ont officiellement créé, le 10 décembre 2013, le réseau des blogueurs vietnamiens. Leur première campagne concerne la lutte contre l’article 258 du code pénal vietnamien, et dénonce son instrumentalisation pour faire taire les voix dissidentes. Reporters sans frontières lutte également contre cette répression croissante à l’encontre des blogueurs vietnamiens, et a mis en ligne une pétition exigeant leur libération. Le Vietnam occupe le le 174e rang sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on 20.01.2016