La presse interdite de reproduire les informations du site Internet South Asia Tribune

Reporters sans frontières a exprimé sa vive préoccupation suite à l'avertissement lancé par le gouvernement du général Musharraf à tous les médias qui citeraient ou utiliseraient les informations contenues sur le site Internet South Asia Tribune, basé aux Etats-Unis. L'organisation de défense de la liberté de la presse a dénoncé dans une lettre à Nisar A. Memon, ministre de l'Information, un nouveau coup de force contre le journaliste Shaheen Sehbai, directeur du South Asia Tribune, qui s'est exilé suite à des menaces du régime militaire. Elle a également déploré que les autorités utilisent, pour menacer les journalistes, la nouvelle loi sur la diffamation que l'organisation avait qualifiée, le 4 octobre dernier, de "véritable épée de Damoclès dressée au-dessus des journalistes indépendants et d'opposition". Reporters sans frontières a demandé au ministre d'annuler cette consigne donnée à la presse et de cesser le harcèlement contre Shaheen Sehbai, sa famille et les confrères qui le soutiennent. Le 2 novembre 2002, le ministère de l'Information a fait savoir par une annonce spéciale publiée dans les principaux journaux pakistanais que ceux qui reproduiraient des articles émanant du site Internet South Asia Tribune, basé à Washington, s'exposeraient à des poursuites en vertu de l'Ordonnance sur la diffamation promulguée le 1er octobre dernier. Selon la loi, les journalistes convaincus de diffamation peuvent encourir jusqu'à trois mois d'emprisonnement, assortis d'une amende de près de cinquante mille roupies (huit cent cinquante euros) et de l'obligation de publier des excuses. Le South Asia Tribune a été créé en juillet 2002 par Shaheen Sehbai, ancien responsable de la rédaction du quotidien The News, exilé aux Etats-Unis depuis mars 2002. Shaheen Sehbai a déjà exposé sur son site plusieurs scandales relatifs à la corruption et aux atteintes aux droits de l'homme du gouvernement militaire pakistanais. Des journalistes pakistanais ont repris certaines informations du South Asia Tribune. L'annonce du ministère de l'Information ne mentionne pas explicitement le nom de Shaheen Sehbai et de son journal d'investigation en ligne, mais fait référence à un "journaliste pakistanais auto-exilé (…) qui a lancé une campagne de diffamation contre le gouvernement du Pakistan et ses fonctionnaires". Depuis son départ en exil, Shaheen Sehbai est victime d'une véritable cabale. Une plainte pour "cambriolage" a été déposée contre lui par un employé de l'armée, et deux de ses proches ont été arrêtés. Des journalistes proches de Shaheen Sehbai ont été menacés par les services secrets (ISI) pour avoir publiquement pris la défense de l'ancien responsable de The News.
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Updated on 20.01.2016