La police protège un ministre du Jharkhand dénoncé par la famille d'un journaliste assassiné
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Reporters sans frontières demande que toute la lumière soit faite sur l'assassinat du journaliste Pramod Kumar Munna, alors que des éléments du dossier qui impliquent un ministre du Jharkhand (Nord-Est) ont été écartés par la police. Il a été tué en décembre après avoir été menacé de mort pour son travail.
"La police et la justice de l'Etat du Jharkhand ne doivent pas céder aux pressions politiques dans l'enquête criminelle sur l'assassinat de Pramod Kumar Munna. Il est important de déterminer quelle a été l'implication de certains responsables politiques et membres de la police dans ce crime, alors que des innocents semblent avoir été arrêtés pour protéger les vrais coupables", a déclaré Reporters sans frontières.
Pramod Kumar Munna est le seul journaliste indien à avoir été tué pour ses activités professionnelles en 2007. Il est urgent que les autorités de New Delhi, notamment le Central Bureau of Investigation (CBI), s'intéressent de près à cette affaire.
Le 16 décembre 2007, Pramod Kumar Munna, de l'hebdomadaire Samkalin Tapman, a été abattu près de la gare de Baidyanath Dham, à Deoghar, dans l'Etat du Jharkhand. L'assassinat a entraîné, dès le lendemain, la fermeture des commerces et des écoles de Deoghar, et les journalistes de l'Etat ont arboré des badges noirs. La protestation s'est étendue à l'Assemblée régionale, où le chef du gouvernement, Madhu Koda, s'est opposé à l'ouverture d'une enquête criminelle souhaitée par l'opposition.
Interrogée par un reporter du magazine Tehelka, l'épouse du journaliste, Parvati Devi, a accusé le ministre de l'Urbanisme et du Tourisme, Harinarayan Rai, et un membre du Parlement affilié au parti Rashtriya Jantal Dal (RJD), Banka Giridhari Yadav, d'être les commanditaires de l'assassinat de son mari. Pramod Kumar Munna avait révélé, en septembre 2007, l'implication d'Harinarayan Rai, alors parlementaire indépendant, et de sa famille dans des affaires d'abus de biens sociaux. "La police oriente l'enquête pour protéger le ministre", a affirmé Parvati Devi.
Régulièrement menacé, le journaliste avait déjà subi une attaque, en 2003, durant laquelle il avait perdu un oeil et sa maison avait été brûlée. Il venait d'établir des relations entre le politicien Banka Giridhari Yadav et des rebelles maoïstes.
"C'est la police qui a tué mon mari, en ne voulant pas le conduire à l'hôpital. Ils ont aussi laissé les assaillants s'enfuir", a dénoncé Parvati Devi. Après avoir assuré que l'hypothèse de l'implication de Harinarayan Rai ne serait pas écartée, le chef de la police de Deoghar, Manoj Kaushik, fait machine arrière. Il a rapidement disculpé le ministre et déclaré que la mort du reporter était liée à des conflits avec des rebelles maoïstes ou des criminels notoires. Deux suspects ont été arrêtés : un habitant du village d'origine du journaliste et un proche de Banka Giridhari Yadav.
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Updated on
20.01.2016