La police de Srinagar passe à tabac les preneurs d’images

Reporters sans frontières condamne les violences exercées par la police locale et des agents de la Central Reserve Police Force (CRPF) contre deux photojournalistes, alors qu’ils couvraient des affrontements entre la police et des manifestants, le 19 août 2011, dans la municipalité de Nowhatta, près de la capitale du Jammu-et-Cachemire, Srinagar. “En attaquant directement les journalistes qui couvrent les affrontements, la police tente d'étouffer les événements qui se déroulent aux abords de Srinagar. Nous appelons le gouvernement indien à ordonner l'arrêt immédiat de cette véritable chasse aux journalistes. Elles doivent non seulement les autoriser à suivre les manifestations, mais aussi les protéger des violences qui pourraient les viser”, a déclaré l’organisation. Après la prière du vendredi, un groupe de jeunes s’est rassemblé devant la mosquée historique Jamia Masjid dans la vielle ville de Nowhatta afin de suivre l’appel prononcé par le président de la Hurriyat Conference (G), Syed Ali Shah Geelani, pour mener une marche à l’occasion du Martyrs Day. La police et des agents de la CRPF sont intervenus rapidement et violemment, utilisant notamment des bâtons et des lance-pierres. (photo par Faizal Khan) Showkat Shafi, photojournaliste free-lance, travaillant pour Al Jazeera, et qui participe à un reportage spécial diffusé en ligne “Kashmir the forgotten Conflict”, a été frappé par la police et emmené au commissariat de police de Nowhatta. Un photojournaliste présent au moment de l’arrestation de Showkat Shafi a déclaré au quotidien en ligne Greater Kashmir : “La police et la CRPF sont apparus et ont crié après nous. Nous avons eu peur et nous nous sommes enfuis. Ils ont rattrapé Showkat Shafi et l’ont battu avec des bâtons en plastic et en bambou. Ils l’ont aussi piétiné et traîné par terre”. Narciso Contreras, photojournaliste pour l’agence de presse américaine Zuma Press, a lui aussi été arrêté et passé à tabac par des agents de police. Rajesh Iyer, journaliste présent lors de l’incident, a affirmé que Narciso Contreras avait lui aussi reçu des coups de bâtons et des coups de pied, avant d'être emmené au poste de police. Selon lui, les actes de violence par la police sont devenus “la norme”. Les deux photojournalistes ont été relâchés le soir même, puis hospitalisés. Le même jour, un porte-parole de la police de Nowhatta a nié les faits, affirmant que “personne n’(avait) été blessé lors de l’incident”. Par ailleurs, Reporters sans frontières dénonce la suspension d’un programme de radio religieux émis sur la chaîne privée 92.7 Big FM, suspendu sans préavis, le 17 août 2011 à Srinagar. L’émission, animée par Mohammad Umar Farooq, leader religieux et président de la Hurriyat Conference (groupement politique créé dans les années 90), s’adresse aux jeunes et traite de sujets sociaux. “Si la décision provient des autorités au-dessus du gouvernement du Jammu-et-Cachemire, des explications doivent être données. Il serait inacceptable que l’Etat puisse interférer de manière dissimulée et sans donner de raisons, sur les programmes de la seule station de radio privée émettant depuis Srinagar dans l'état du Jammu-et-Cachemire,” a déclaré l’organisation. Le programme aurait repris mais Mohammad Umar Farooq serait toujours interdit d’antenne. Le ministre en chef du gouvernement du Jammu-et-Cachemire, Omar Abdullah, a rejeté toute responsabilité dans cette affaire, et affirme n’avoir “donné aucun ordre de museler Mirwaiz Umar Farooq”. Selon Mohammad Umar Farooq, la direction de la radio aurait affirmé que l’ordre de suspension provenait des autorités fédérales. L’Inde est à la 122ème position dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2010. (photo: Narciso Contreras, par: Yawar Nazir/Kashmir Dispatch (Zuma Photojournalistes)
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Updated on 20.01.2016