La perquisition de l'unité spéciale de lutte contre la corruption dans les locaux du quotidien NRA tourne au vol informatique

Reporters sans frontières est scandalisée par les perquisitions perpétrées le 26 mai 2011 par le Bureau de la prévention et de la lutte contre la corruption (KNAB) dans les locaux de Neatkarīgā Rīta Avīze (Independent Morning Press) et de sa société mère SIA Mediju Nams. Les hommes du KNAB ont envahi, au début de l’après-midi, la rédaction de ce quotidien de référence et ont procédé à la copie intégrale des disques durs et des serveurs de courriers électroniques, interdisant toute prise d’images ou de photos. Le KNAB a ouvert au cours de la semaine plusieurs enquêtes à l’encontre d’une quarantaine de sociétés soupçonnées de corruption. S’appuyant sur un mandat délivré par le juge Rinalds Silakalns, le KNAB a justifié les perquisitions dans les locaux du groupe SIA sur le seul fait que certaines sociétés investiguées (dont la compagnie aérienne nationale AirBaltic, Riga Freepport Authority, etc.) faisaient régulièrement paraître des annonces publicitaires dans Neatkarīgā Rīta Avīze. Nous sommes scandalisés par ces perquisitions qui n’ont aucun fondement. Les motifs invoqués par le juge sont ubuesques et incompréhensibles. Si on suit cette « logique », il faudrait procéder à des perquisitions dans toutes les publications nationales, voire même internationales. La copie intégrale des disques durs et du serveur email est totalement disproportionnée et constitue une atteinte sérieuse à la protection des sources et à la confidentialité des données privées. Nous exigeons dès lors que la direction du KNAB fasse connaître d’urgence les raisons objectives qui justifieraient les perquisitions et qu’il communique dans les plus brefs délais à la direction du groupe SIA la nature des accusations ou des charges retenues. Nous exigeons par ailleurs que tout le matériel qui a pu être saisi au cours des perquisitions soit rendu dans son état d’origine. Nous mettons,par ailleurs, en garde le KNAB contre toute autre perquisition dans d’autres titres si elles devaient se dérouler dans ces conditions. Nous ne pouvons que déplorer ce comportement qui rappelle les heures les plus noires d’un système soviétique plus que jamais obsolète. En tant que membre de l’Union européenne, la Lettonie s’est engagée à respecter un certains nombre de standards en matière de liberté de la presse. Les perquisitions dans des médias répondent à des règles très strictes et ne s’envisagent que dans des situations extrêmes. Nous en sommes manifestement très loin et l’exemple offert est particulièrement déplorable. Il semble, en revanche, que le KNAB ait manifestement trouvé un prétexte pour tenter de faire taire les nombreuses critiquesvisant sa gestion chaotique et son inefficacité chronique. Le Bureau de lutte contre la corruption est en effet traversé par d’importantes luttes de pouvoir. Deux officiers ont récemment été arrêtés pour détournement de fonds alors que le directeur général a été licencié par le Parlement. Joint par Reporters sans frontières, Uldis Dreiblats, copropriétaire du groupe SIA a déclaré « Nous avons publié hier un article qui faisait état du lancement d’une large enquête du KNAP, mais nous n’avons pas imaginé un instant que nous en serions la cible ».
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Updated on 20.01.2016