La défenseure des droits de l’homme Dina Meza à nouveau menacée
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Les menaces visant la journaliste et défenseure des droits de l’homme Dina Meza s’ajoutent à la longue liste de graves intimidations subies par des journalistes depuis le début de l’année. Avant elle, Itsmania Pineda Platero et Gilda Silvestrucci ont été visées par des menaces pour avoir participé à une manifestation contre les atteintes à la liberté d’expression et l’impunité, violemment réprimée aux abords du palais présidentiel, le 13 décembre 2011.
"Reporters sans frontières condamne fermement les menaces répétées contre Dina Meza et les journalistes et défenseurs des droits de l’homme au Honduras. Nous appelons les autorités à prendre les mesures nécessaires pour résoudre cette situation qui restreint la liberté d'expression et fait obstacle au travail pour la défense des droits de l’homme dans le pays", a déclaré l'organisation.
Membre du Comité des familles de détenus, disparus du Honduras (COFADEH), la journaliste travaille notamment sur les conflits agraires dans la région du Bajo Aguán. Elle collabore au site Defensores en Línea. Depuis février dernier, Meza a dénoncé des intimidations et des menaces répétées.
Le 22 février, elle a reçu deux SMS signés “Commando Alvarez Martinez” (CAM), pseudonyme utilisé pour adresser des menaces aux défenseurs des droits de l'homme et aux journalistes, après le coup d’État de 2009 : "Nous allons vous brûler la ‘pipa’ (organes génitaux féminins) jusqu'à ce que vous criiez, et après tout l’escadron va s’éclater. CAM". Et le deuxième : " Vous allez finir comme les morts de l’Aguan, il n’y a rien de mieux que de niquer des putes". Le 6 avril, pendant que Dina se trouvait avec son fils près de son domicile, elle a vu deux hommes les prendre en photos. Le 14 avril, elle a déclaré avoir reçu trois appels sur son téléphone portable à des moments différents de la journée, dans lesquels l'interlocuteur était resté silencieux. Meza a finalement décidé d'appeler le numéro, l'homme s’est identifié comme un certain Miguel et vers la fin de l'appel il a affirmé : "Fais attention à ta ‘pipa‘".
" Militarisée en réponse aux fortes mobilisations paysannes pour l’accès à la terre, la région de l'Aguán est aussi le théâtre d'intimidations constantes envers les journalistes et défenseurs des droits de l’homme . Nous alertons l’opinion publique sur la gravité de cette situation dont non seulement les membres d’organisations sociales mais aussi les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme font régulièrement les frais. Tout comme Amnesty International qui s’est récemment mobilisée afin d’attirer l’attention sur le danger auquel est exposée Dina Meza, Reporters sans frontières demande qu’elle puisse bénéficier effectivement des mesures de protection qui ont été recommandées à son égard par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), un organisme dépendant de l’Organisation des États américains (OEA). Dans ce cas, qui rappelle celui des journalistes du collectif des ‘Journalistes pour la vie’, Itsmania Pineda Platero et Gilda Silvestrucci, elles aussi victimes d’intimidations téléphoniques en décembre 2011, la responsabilité des autorités est à nouveau engagée. Au Honduras, la diffusion d’une information pluraliste passe en grande partie par les défenseurs des droits de l’homme et les organisations de la société civile.”
Interrogée par Reporters sans frontières, Meza a affirmé qu’elle ne bénéficiait pour l’instant d’aucune mesure de sécurité. Se sentant toujours menacée, elle a décidé de changer ses habitudes quotidiennes. Elle aura une réunion dans les prochains jours au Ministère de la Sécurité publique pour exposer son cas et demander un dispositif de protection.
Bien qu’elle ait interpellé la Haute Commissaire des Nations Unies et le rapporteur pour les défenseurs des droits de l’homme de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, Meza pense que le gouvernement hondurien ne prendra que des mesures temporaires et ne traitera pas problème à la racine.
Classé 135e sur 179 pays au dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières, le Honduras compte désormais deux journalistes tués depuis le début de l’année, vingt-six ont perdu la vie en une décennie dont dix-neuf dans la période consécutive au coup d’État.
Reporters sans frontière a appris également la mort de Noel Valladares, présentateur et producteur de l’émission "El show del Tecolote" de la chaîne Canal 66 Maya TV, le 23 avril 2012.
Publié le
Updated on
20.01.2016