Bambang Harymurti, directeur de l'hebdomadaire indépendant Tempo, a été condamné à une peine d'un an de prison pour avoir diffamé un homme d'affaires indonésien. Trente-deux organisations de défense de la liberté de la presse dénoncent ce verdict comme un sérieux recul de la liberté d'expression et demandent une révision des lois sur la diffamation.
Reporters sans frontières se réjouit de la décision de la Cour suprême qui a acquitté, le 9 février 2006, Bambang Harymurti, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Tempo, poursuivi en diffamation par l'homme d'affaire Tomy Winata. Les juges ont annulé la condamnation du célèbre journaliste à un an d'emprisonnement, prononcée en première instance. La Cour suprême a, en effet, remis en cause la décision d'une cour du district de Jakarta qui avait jugé, en 2004, Bambang Harymurti en vertu du code pénal. Selon la Cour suprême, cette affaire aurait dû être jugée d'après la loi sur la presse.
« Nous voulons garantir que les journalistes sont protégés », a déclaré Djoko Sarwono, porte-parole de la Cour suprême. « Cette décision n'est pas une victoire personnelle, mais une victoire pour tous les journalistes indonésiens! », s'est réjoui Bambang Harymurti.
Bien que cette décision marque une avancée pour la liberté de la presse en Indonésie, plusieurs autres affaires de diffamation risquent d'être jugées en vertu du code pénal.
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17.09.2004Une peine de prison inacceptable pour le directeur de Tempo
Les organisations de défense de la liberté de la presse signataires de cette lettre condamnent fermement la décision de la Cour centrale de Jakarta de condamner Bambang Harymurti, directeur de l'hebdomadaire Tempo, à une peine d'un an de prison pour diffamation. Nous sommes unies pour affirmer que cette sanction disproportionnée est un sérieux recul de la liberté d'expression qui met en péril les acquis depuis la chute du régime de Suharto. Le verdict est également un rebondissement regrettable au regard de l'évolution des valeurs démocratiques alors que l'Indonésie va connaître sa première élection présidentielle au suffrage direct.
Bambang Harymurti et deux journalistes de Tempo étaient poursuivis par l'homme d'affaires Tomy Winata pour un article publié dans l'édition du 3 mars 2003. Ils affirmaient que Tomy Winata avait tiré profit de l'incendie d'un marché de textiles à Jakarta et qu'il pourrait l'avoir commandité. Selon le verdict prononcé en vertu de lois surannées sur la diffamation criminelle, les deux journalistes ont été acquittés tandis Bambang Harymurti était condamné à un an de prison. Ce dernier reste en liberté dans l'attente du procès en appel.
Nous nous félicitons de l'acquittement des deux journalistes, mais nous dénonçons fermement la condamnation de Bambang Harymurti. Selon nos organisations, l'emprisonnement pour diffamation ne peut jamais être légitimé et représente, en lui-même, une atteinte flagrante à la liberté d'expression. Cette décision, si elle reste en l'état, aura sans nul doute des conséquences inquiétantes pour la liberté d'expression en Indonésie.
Nous appelons donc les autorités indonésiennes à annuler les charges qui pèsent contre Bambang Harymurti. Nos organisations demandent également la révision en profondeur les lois sur la diffamation et notamment l'abrogation de la diffamation criminelle, afin de mettre en conformité les lois indonésiennes avec les standards internationaux en matière de liberté de la presse.
Signataires :
ARTICLE 19, Global Campaign for Free Expression, UK
Azerbaijan Journalists Confederation, Azerbaijan
Campaign for Media Freedom and Responsibility (CMFR), Philippines
Canadian Journalists for Free Expression (CJFE), Canada
Center for Defending Freedom of Journalists, Jordan
Central Asian and Southern Caucasus Freedom of Expression Network (CASCFEN), Azerbaijan
Committee to Protect Journalists (CPJ), USA
Forum Asia, Thailand
Freedom House, USA
Free Media Movement, Sri Lanka
Independent Journalists Alliance (AJI), Indonesia
Index on Censorship (IOC), UK
Internews, East Timor
Indonesian Center for Environmental Law, Indonesia
Institute for the Study on Free Flow of Information (ISAI), Indonesia
International Federation of Journalists, Belgium
International Freedom Network, UK
International Press Institute (IPI), Austria
Journalists' Trade Union, Azerbaijan
Legal Research Institute, National Autonomous University of Mexico
Malaysiakini, Malaysia
National Security Archive, USA
Open Society Justice Initiative, USA
Reporters Sans Frontières (RSF), France
Sanjana Hattotuwa, Rotary World Peace Scholar, Sri Lanka
South Asia Forum on Human Rights (SAFHR), Nepal
Southeast Asian Press Alliance (SEAPA)
SUARAM, Malaysia
Timor Lorosa'e Journalists' Association (TLJA), East Timor
World Association of Community Radio Broadcasters (AMARC), Canada
World Association of Newspapers (WAN), France
World Press Freedom Committee (WPFC), USA