L’assassinat du colonel Mamadou Ndala frappé de censure
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Reporters sans frontières condamne les récentes manœuvres de certaines autorités militaires et administratives du Nord Kivu destinées à empêcher la recherche et la diffusion de toute information relative à l’assassinat du colonel Mamadou Ndala.
Plusieurs journalistes des territoires de Beni et de Butembo ont, en effet, fait l'objet d'intimidations alors qu'ils tentaient de rapporter sur l'assassinat spectaculaire du colonel Mamadou Ndala le 2 janvier 2013, au cours d’une embuscade aux alentours de Beni.
"Nous dénonçons vivement les menaces proférées par certains représentants civils et officiers militaires à l’encontre des journalistes qui ont couvert l’assassinat du colonel Ndala et l’enquête en cours. Les médias doivent pouvoir mener leur travail d’investigation et parler librement de cette affaire sans être harcelés quotidiennement", a déclaré Reporters sans frontières.
"Censurer l’information concernant ce crime ne fait qu’attirer davantage l’attention sur les jeux de pouvoir qui pèsent sur l'enquête", ajoute l’organisation.
"Nous demandons aux hauts responsables militaires d’appeler leurs officiers à cesser ces intimidations et aux autorités administratives de déclarer formellement à la presse qu’elle peut parler en toute sécurité de l’assassinat du colonel Ndala, une information d’intérêt public", a conclu l’organisation.
Le 15 janvier 2013, le colonel Olivier Amuli, porte-parole des FARDC au Nord-Kivu a publiquement menacé Austere Malivika, correspondant pour Voice of America et Keny Katombe, correspondant pour Reuters. Il leur a reproché de "fourrer le nez dans leurs dossiers", notamment de rapporter sur les opérations des FARDC contre les rebelles ougandais des ADF/NALU. Il les a menacés de subir le même sort que Moussa Kaka, emprisonné au Niger, ou que Ghislaine Dupont et Jean Hélène assassinés respectivement au Mali et en Côte d'Ivoire.
Cette menace publique fait suite à plusieurs tentatives d'intimidations téléphoniques de la part du colonel Amuli, notamment au sujet des images filmées quelques minutes après l'attaque du convoi du colonel Ndala, que le haut gradé voulait interdire.
Contacté par Reporters sans frontières, le porte-parole des FARDC de la 8e région militaire a nié toute menace envers les journalistes et a assuré à l'organisation de son "bon partenariat" avec ceux-ci.
La presse de Béni est également touchée par cette censure. Le colonel Dieudonné Muhima a sollicité le maire de Béni afin qu’il empêche les journalistes locaux de s’immiscer dans ce dossier. Le 7 janvier 2014, le gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku Kahongya a demandé aux journalistes de la région de ne plus évoquer l’assassinat du colonel Ndala au motif que "la diffusion de nouvelles sur le sujet entravait l’enquête", avant de se rétracter lors d'une conférence de presse le 9 janvier au lendemain d'une conversation avec Reporters sans frontières.
Le 4 janvier dernier, un journaliste freelance, Alain Wandimoyi, avait été menacé par des agents de l’Agence nationale de renseignement (ANR) à Butembo, qui l'avait accusé d’en savoir trop sur la mort du colonel Mamadou Ndala et exigé qu’il leur remette son matériel de reportage.
Le colonel Mamadou Ndala, commandant du 42e bataillon de l’Unité de réaction rapide des commandos des FARDC, a été promu Général de brigade à titre posthume. Les circonstances de son assassinat ne sont toujours pas élucidées et les auteurs restent à désigner. Engagé dans la lutte contre les rebelles ougandais des ADF/NALU, il était très populaire auprès des professionnels des médias de la région pour son ouverture et sa disponibilité à leur égard.
La République démocratique du Congo figure à la 142e place, sur 179 pays, dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Photo : Le colonel Mamadou Ndala
Publié le
Updated on
20.01.2016