L'Église universelle du royaume de Dieu perd deux actions en justice contre A Folha de São Paulo

Cible d'une avalanche de poursuites engagées dans vingt États par des fidèles de l'Église universelle du royaume de Dieu (IURD) - l'une des plus puissantes dénominations évangéliques du Brésil -, A Folha de São Paulo a remporté deux nouvelles victoires judiciaires, le 22 février 2008. Le quotidien a déjà obtenu gain de cause à cinq reprises pour les mêmes faits. A Tarauacá, dans l'État amazonien d'Acre (Ouest), le juge Romário Divino Faria a considéré que le fidèle Cléber Andrade dos Santos “n'avait pas été offensé à titre individuel” par un article d'A Folha de São Paulo. A Cianorte, dans l'État du Paraná (Sud), le juge Fabiano Berbel a déclaré nulle et non avenue la demande de réparation formulée en son nom par le fidèle Jackson Luis Gonçalves. A Folha de São Paulo avait publié, en décembre 2007, une enquête sur le patrimoine financier de l'IURD, ce qui lui vaut aujourd'hui d'être l'objet d'une soixantaine de plaintes de croyants se prétendant “offensés” dans leur sentiment religieux. Les quotidiens Extra et A Tarde - le premier basé à Rio de Janeiro (Sud-Est) et le second à Salvador de Bahia (Nord-Est) - totalisent à eux deux quarante actions judiciaires à leur encontre après avoir révélé une affaire de profanation d'images pieuses dans une église catholique de Bahia par un membre de l'IURD. Toutes les actions de ce type, engagées à l'appui de la loi sur la presse de 1967, sont pourtant devenues caduques. Le 21 février, Carlos Ayres Britto, magistrat du Tribunal suprême fédéral (STF), a suspendu l'application de vingt des soixante dix-sept articles de la loi héritée du régime militaire, qui rend notamment passibles de prison les délits d'“injure”, de “calomnie” et de “diffamation”. La décision du magistrat, rendue indépendamment des procédures opposant l'IURD aux médias, attend désormais confirmation du STF en séance plénière et pourrait accélérer l'adoption de l'avant-projet de loi du député fédéral Miro Teixeira, déposé en décembre dernier, qui abolit les principes de la loi de 1967. Reporters sans frontières se félicite de la décision des juges en faveur d'A Folha de São Paulo et espère, comme les organisations professionnelles brésiliennes, un débat et un vote rapide de l'avant-projet de loi du député Miro Teixeira. -------------- 21.02.2008 - Reporters sans frontières condamne les plaintes abusives de l'Église universelle du royaume de Dieu contre la presse Reporters sans frontières est préoccupée par les nombreuses procédures judiciaires engagées contre trois journalistes et leur média respectif par des adeptes de l'Église universelle du royaume de Dieu (Igreja Universal do Reino de Deus - IURD). Le quotidien A Folha de São Paulo (État de São Paulo, Sud-Est) et sa journaliste Elvira Lobato font l'objet de cinquante poursuites individuelles dans plus de vingt États pour la publication d'un article sur les finances de l'Église. Le quotidien de Rio de Janeiro (Sud-Est) Extra, et son rédacteur en chef Bruno Thys, ainsi que le quotidien de Salvador de Bahia (Nord-Est) A Tarde et l'un de ses journalistes, Valmar Hupsel Filho, sont les cibles de quarante plaintes de l'Église pour avoir relaté la profanation d'une image pieuse catholique par un fidèle de l'IURD. “La liberté de la presse a, certes, pour contrepartie de permettre à toute personne s'estimant injuriée ou diffamée de répliquer. Mais une chose est de se défendre, une autre de sombrer dans l'acharnement procédurier. Pourquoi l'Église universelle du royaume de Dieu n'a-t-elle pas engagé une unique démarche judiciaire contre chaque quotidien, en tant que personne morale ? Cette multiplication d'actions judiciaires individuelles semble obéir à une véritable stratégie de harcèlement contre les médias. L'argument religieux ne vaut rien dans le contentieux qui oppose l'IURD à A Folha de São Paulo. Nous exprimons notre soutien aux trois médias concernés”, a déclaré Reporters sans frontières. Dans un reportage publié dans A Folha de São Paulo, le 15 décembre 2007, Elvira Lobato avait mis en évidence les liens entre le vaste patrimoine financier de l'IURD et certains paradis fiscaux. L'article ne désignait aucun fidèle en particulier ni n'abordait la doctrine de l'IURD. Cependant, une cinquantaine de membres de l'IURD, s'estimant “offensés” dans leurs convictions religieuses, ont engagé, depuis lors, des poursuites contre le quotidien et sa journaliste dans une vingtaine d'États. Selon A Folha de São Paulo, la coïncidence de ces actions judiciaires et la distance entre les tribunaux rendent impossible une défense efficace. La justice a refusé la requête du quotidien en faveur d'une fusion des plaintes. Cependant, Elvira Lobato et son journal ont déjà gagné cinq procès. Les trente-cinq plaintes déposées contre A Tarde et Valmar Hupsel Filho, et les cinq autres poursuites engagées contre Bruno Thys, rédacteur en chef d'Extra, concernent une autre affaire. Début décembre 2007, les deux quotidiens avaient publié une information concernant la profanation d'une image religieuse perpétrée par un adepte de l'IURD à l'intérieur d'une église catholique de Salvador de Bahia. Les évangéliques tiennent ces articles pour de l'“incitation à la haine des catholiques vis-à-vis des fidèles de l'IURD”. Le 17 février 2008, TV Record, propriété de l'IURD, a dénoncé l'utilisation du mot “secte” la concernant par le quotidien O Globo. La chaîne a également diffusé une photo d'Elvira Lobato. Les trois quotidiens poursuivis ont reçu le soutien de la profession. “La liberté de la presse présuppose que la presse peut écrire ce qu'elle veut, mais permet aussi que ceux se sentant offensés puissent faire appel à la justice pour prouver leur innocence”, a, pour sa part, réagi le Président Lula, le 19 février.
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Updated on 16.10.2016