Rencontre avec le rapporteur de la CIDH au Brésil : RSF a appelé à des mesures pour préserver une information fiable et pluraliste, et la sécurité des journalistes
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Reporters sans frontières (RSF) a rencontré le rapporteur spécial pour la liberté d’expression de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), Pedro Vaca, lors de sa visite officielle au Brésil. L'ONG l’a appelé à recommander au gouvernement brésilien de réguler les plateformes numériques, de renforcer la protection des journalistes et de promouvoir le pluralisme médiatique dans son prochain rapport.
Du 9 au 14 février, Pedro Vaca rencontre les autorités étatiques et les organisations de la société civile brésiliennes pour évaluer la situation de la liberté de la presse et de la liberté d'expression dans le pays. RSF a rencontré le rapporteur à deux reprises et a formulé trois recommandations principales pour atténuer les menaces croissantes pesant sur le journalisme au Brésil.
“Tant que le Brésil ne disposera pas de réglementations solides pour garantir la responsabilité des plateformes, défendre le droit à une information fiable et établir une gouvernance claire de l’intelligence artificielle (IA), le pays restera exposé à une désinformation massive et à une érosion de la confiance dans le journalisme. Il est également urgent de renforcer les politiques de protection des journalistes en danger et de promouvoir le pluralisme des médias. La visite de Pedro Vaca est un moment clé pour inciter le gouvernement et le Congrès à agir de manière décisive, afin de garantir un espace informationnel plus sûr, plus pluraliste et plus résilient.
Le premier et le plus urgent des problèmes soulevés par RSF est la régulation des plateformes de réseaux sociaux. Le Brésil est devenu un terrain de bataille pour la liberté d'expression en ligne, les groupes d'extrême droite s'opposant aux efforts du gouvernement pour limiter la désinformation et la violence en ligne. RSF a insisté sur la nécessité d'une régulation claire et démocratique des plateformes numériques afin de garantir l'accès du public à des informations fiables et de tenir les géants de la technologie responsables de la désinformation qui envahit leurs produits et services.
RSF a également appelé à des réformes urgentes des politiques de protection des journalistes. Bien que le programme de protection des défenseurs des droits de l'homme, des journalistes et des environnementalistes du Brésil existe depuis plus de 20 ans, il reste sous-financé, mal structuré et inefficace face aux risques spécifiques auxquels la presse est confrontée. Le gouvernement prépare un projet de loi pour renforcer le programme, mais il manque des dispositions essentielles adaptées aux besoins des journalistes.
De plus, l'Observatoire national sur la violence envers les journalistes, créé par le ministère de la Justice, est inactif depuis plus d'un an, avec presque aucune réunion et des groupes de travail inopérants, ce qui affaiblit encore la réponse institutionnelle aux attaques contre la presse. RSF a demandé à la CIDH de recommander dans son rapport la réactivation immédiate de l'Observatoire, ainsi que des engagements plus forts du gouvernement pour lutter contre l'impunité des crimes commis contre les journalistes.
Enfin, RSF a souligné la concentration persistante des médias au Brésil, qui limite l'accès à un journalisme diversifié et indépendant. L'ONG a mis en avant l'importance d'adopter des politiques publiques et des mécanismes de soutien financier pour renforcer les médias locaux, communautaires et indépendants, favorisant ainsi un paysage médiatique plus diversifié et résilient, moins susceptible d'être influencé par des pressions politiques et économiques.
En parallèle de ces recommandations, RSF et des organisations partenaires ont soumis un rapport détaillé à la CIDH faisant état d'autres menaces pesant sur la liberté de la presse et la liberté d'expression au Brésil. La CIDH publiera ses conclusions et recommandations au gouvernement brésilien dans les prochains mois. RSF reste déterminé à veiller à ce que ces problèmes urgents ne soient pas seulement reconnus, mais efficacement traités par les autorités brésiliennes.