Brésil : RSF exhorte le gouvernement à faire de la régulation des plateformes en ligne une priorité pour 2025
En réponse aux récentes modifications des politiques de modération de contenu de Meta, le gouvernement brésilien a récemment organisé une importante audition publique. Reporters sans frontières (RSF), qui a participé à cet événement, a publiquement recommandé l'approbation urgente d'un régime clair et ferme de responsabilité pour les plateformes numériques au Brésil.
RSF salue les efforts du gouvernement brésilien pour porter le sujet des risques relatifs aux politiques de modérations de plateformes à un niveau international, comme il l’a fait durant sa présidence du G20, mais recommande que la régulation des plateformes en ligne devienne l’une des priorités législatives du Brésil en 2025, au même titre que le projet de loi régulant l’intelligence artificielle, déjà approuvé par le Sénat brésilien.
C’est ce que RSF a notamment préconisé lors de l’audition d’organisations de la société civile du 22 janvier dernier organisée par le gouvernement, à la suite de l’annonce de Mark Zuckerberg de mettre fin au partenariat avec les fact-checkeurs aux États-Unis. Les grandes plateformes numériques concernées – notamment Google, Kwai, TikTok, Discord et LinkedIn – se sont concertées pour boycotter l’événement.
“Le gouvernement brésilien fait partie des rares gouvernements à ne pas rester silencieux face à l’annonce de Meta, et donne aujourd’hui un exemple international important en convoquant des experts de la société civile pour discuter des risques liés au modèle économique des plateformes. Comme nous l’avons souligné lors de la récente audition devant le gouvernement : la position actuelle des géants de la technologie constitue une escalade des attaques contre le journalisme, qui ne fera qu’amplifier la désinformation, discréditer la presse et intensifier les violences en ligne contre les journalistes. Il est grand temps d’avancer sur un agenda de régulation qui traite du retrait de contenus illicites selon les normes internationales et qui promeuve des sources d’information fiables.
Lors de l’audition publique du 22 janvier, RSF a averti que, même si la suppression du programme de vérification des faits de Meta est pour l’instant limitée aux États-Unis, cette décision aura des conséquences immédiates dans le monde entier – la désinformation ne connaît pas de frontières.
En Europe, RSF a déjà demandé à la Commission européenne de garantir le respect du règlement sur les services numériques – le Digital Services Act (DSA) –, et d’exiger de Meta une analyse des risques posés par les changements de ses politiques aux États-Unis. Les pays souhaitant se protéger de l’impact de ces décisions devront adopter rapidement une législation établissant un régime de responsabilité pour les plateformes numériques.