Justice rendue pour les deux journalistes victimes d’un vol de matériel
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Reporters sans frontières salue la décision du tribunal de Lisbonne de condamner, le 26 juin 2012, le député Ricardo Rodrigues à verser une amende de 4950 euros pour avoir dérobé à deux journalistes du magazine Sábado, Maria Henrique Espada et Fernando Esteves, leurs magnétophones lors d’une interview. (voir ci-dessous)
“Nous sommes satisfaits de cette décision qui met provisoirement un terme à une affaire ubuesque mais néanmoins inquiétante. En se prononçant ainsi, la cour a su garantir de manière exemplaire la liberté de la presse et protéger les droits des journalistes”, a déclaré Reporters sans frontières.
Au lendemain de la décision, qui l’a déclaré coupable d’atteinte à la liberté de la presse et de l’information, M. Rodrigues a démissionné de son poste de vice-président du groupe parlementaire du Parti socialiste de l’Assemblée nationale. Son avocate a toutefois annoncé son intention de faire appel.
Le 30 avril 2010, le député avait subtilisé les magnétophones des deux journalistes venus réaliser une interview de lui dans la bibliothèque du Parlement. Alors qu’ils l’interrogeaient sur plusieurs affaires embarrassantes, le député avait subitement quitté la salle, emportant avec lui les dictaphones posés sur la table devant lui.
Lors des précédentes audiences, M. Rodrigues avait justifié sa réaction en affirmant que les questions des journalistes avaient été d’une “violence psychologique insupportable”.
Le Portugal figure à la 33e place du classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012 établi par Reporters sans frontières.
Pour consulter la vidéo sur l’incident : http://www.youtube.com/watch?v=K_CylnffuTA.
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20.07.2011 - La justice ne se laisse pas convaincre par la subtilité du vol
Reporters sans frontières salue la décision du Tribunal d'instruction de Lisbonne qui, dans son arrêt du 12 juillet 2011, a décidé de poursuivre Ricardo Rodrigues, vice-président du groupe parlementaire du Parti socialiste, pour “atteinte à la liberté de la presse”.
La justice a donné raison au magazine Sábado, qui avait porté plainte suite à une interview donnée par Monsieur Rodrigues le 30 avril 2010, pendant laquelle le député s'était autorisé à subtiliser les magnétophones de deux journalistes (voir ci-dessous).
La Cour a rejeté les arguments de ce dernier, selon lesquels il avait emporté les appareils dans le but de préserver le “contenu de l'interview”, pour les remettre à la justice en vue de demander une interdiction de diffusion. Les magnétophones n'avaient été rendus au magazine que le 8 juillet 2010.
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11.05.2010 - Un député « subtilise » les magnétophones de deux journalistes pendant une interview
Le 30 avril 2010, lors d’une interview accordée dans la bibliothèque de l’Assemblée de la République, Ricardo Rodrigues, vice-président du groupe parlementaire du Parti socialiste (PS) au Parlement, a soustrait leurs magnétophones numériques aux deux journalistes du magazine Sábado, avant de quitter la salle précipitamment. L’interview a néanmoins été enregistrée par la caméra du photographe du magazine et mise en ligne par Sábado sur son site web. Sur les images, on voit clairement le député s’emparer des deux enregistreurs, les introduire dans ses poches et sortir, devant l’étonnement muet des deux journalistes, Maria Henrique Espada et Fernando Esteves. (voir la video de Sábado).
Le 5 mai, Ricardo Rodrigues a justifié son “comportement irréfléchi” par une “violence psychologique insupportable” suscitée par les questions des journalistes. Ces derniers interrogeaient le député sur les circonstances de sa démission du gouvernement régional des Azores en 2003 sur fond de rumeurs qui n’ont jamais fait l’objet d’une enquête judiciaire et sur une possible complicité dans une affaire d’escroquerie et de falsification de documents condamnée par la justice en 2008.
« Nous sommes scandalisés par ce comportement surréaliste que nous ne rencontrons qu’auprès de certains responsables des pays les plus liberticides. Ce vol de matériel et cette attitude face à la presse sont tout simplement indignes de la part d’un député qui occupe de telles fonctions au sein de l’Assemblée de la République. Rien n’obligeait Monsieur Rodrigues à accorder une interview ou à accepter d’être enregistré. Il pouvait également mettre fin à l’entretien sans voler les enregistreurs. Par ailleurs, considérer les questions de la presse comme une "violence psychologique insupportable" apparaît comme une honteuse exagération », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 3 mai 2010, Ricardo Rodrigues a déposé plainte auprès de la justice pour interdire la parution de l’interview, joignant au dossier les deux magnétophones subtilisés. La demande d’interdiction n’a pas encore été traitée par le juge et les enregistreurs n’ont à ce jour toujours pas été restitués au magazine.
« Non content d’avoir illégalement dérobé le matériel de l’équipe de Sábado, le député n’envisage rien de moins que la censure du magazine le jour de la journée internationale de la liberté de la presse. Il semble que dans la précipitation de son ‘’comportement irréfléchi ‘’ Monsieur Rodrigues ait oublié d’emporter la caméra vidéo des deux journalistes et qu’il ait retrouvé tous ses esprits pour faire interdire par la loi la diffusion des images de l’interview qu’il pensait probablement pourvoir effacer », a poursuivi l’organisation.
« Nous exigeons que les deux enregistreurs qui sont toujours détenus par le juge chargé de la plainte soient remis dans les plus brefs délais aux deux journalistes de Sábado. Rien ne saurait justifier que le tribunal conserve ces « preuves » qui ont été obtenues par un vol et qui sont, qui plus est, disponibles sur le site Web du magazine Sábado. Nous attirons par ailleurs l’attention du juge sur le fait que les enregistreurs des deux journalistes contiennent les interviews de personnes intervenant sur des sujets qui n’ont absolument rien à voir avec cette affaire. En les volant Monsieur Rodrigues a porté gravement atteinte à la protection du secret des sources et pourrait être tenu responsable des éventuelles conséquences que pourrait avoir la perte de la confidentialité de ces informations », a ajouté Reporters sans frontières.
« Nous demandons également au juge de classer au plus vite cette affaire qui ne constitue en aucun cas une diffamation. Les journalistes n’ont fait que leur métier et ont posé de simples questions à Monsieur Rodrigues qui disposait de toute sa liberté pour y répondre ou pour les décliner. »
Sábado a porté plainte pour vol et atteinte à la liberté de la presse, s’appuyant sur le texte de la loi du statut du journaliste de 1999, qui prévoit que “les journalistes ne peuvent pas être dépossédés du matériel utilisé ou obligés à exhiber les éléments recueillis dans l’exercice de leur métier, sauf par mandat judiciaire et dans les autres cas prévus par la loi“.
Pour sa part, Francisco Assis, président du groupe parlementaire socialiste à l’Assemblée de la République, a réaffirmé sa confiance à Ricardo Rodrigues, soutenant que “personne ne peut être jugé pour une réaction à chaud.” Les autres groupes parlementaires ne se sont pas prononcés. L’Entité régulatrice pour les médias (ERC) s’est déclarée incompétente pour intervenir dans l’affaire.
« Nous restons abasourdis par l’absence de réactions de la part de la classe politique, à commencer par le Parti socialiste auquel appartient le député Rodrigues. Il n’est pas possible de dénoncer légitimement les atteintes à la liberté de la presse dans le monde quand on tolère un tel comportement de la part d’un des plus hauts représentants du parti. De même, sans pratiquer le lynchage politique pour autant, on pourrait attendre une condamnation plus ferme de la part de l’Assemblée de la République pour les agissements d’un de ses députés. Ce silence est inacceptable », a conclu Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
16.10.2016